Avec l’ongle de son pouce, Bertrand Dumay, agriculteur bio, entaille fermement la flèche – l’unique branche braquée vers le ciel – d’un jeune sapin. Autour de lui, dans une parcelle de deux hectares située au cœur du parc naturel régional du Morvan, en Bourgogne-Franche-Comté, se dressent des grands, des moyens et des petits conifères aux aiguilles vertes et brillantes ; tous des futurs sapins de Noël. A leurs pieds, ce jeudi 28 novembre, des dizaines de beaux spécimens touffus déjà coupés gisent dans le chiendent et la mousse.
La veille, l’exploitant aujourd’hui à la retraite – il donne des coups de main à ses deux enfants, nouveaux propriétaires de ses trois terrains –, en a encore récolté une centaine. Ceux-ci seront bientôt dans les maisons, en préparation des fêtes de fin d’année. Leur particularité ? Ces sapins Nordmann ont poussé dans un sol herbeux, nourri à la chaux et aux engrais organiques, sans l’aide de produits chimiques. Une exception dans les vallées morvandelles. «On veut apporter le bonheur dans les foyers sans ramener des pesticides, ni causer de dommages à l’environnement», relate Bertrand Dumay, au milieu de ses sapins pris dans la brume froide et humide. Et de s’attrister : «Dire qu’ils finiront à la déchetterie début janvier… Moi, ça fait dix ans qu