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Etude

Depuis 20 ans, les mégafeux de forêt ont plus que doublé dans le monde

Le nombre et l’intensité des feux de forêt extrêmes, les plus destructeurs et les plus polluants, ont augmenté de 120 % depuis 20 ans, selon une nouvelle étude publiée ce lundi 24 juin.
Des panaches de fumée provenant de l'incendie South Fork s'élèvent au-dessus de la limite des arbres, à la forêt nationale Lincoln, Nouveau-Mexique, États-Unis, le 17 juin 2024. (Kaylee Greenlee Beal/Reuters)
publié le 24 juin 2024 à 21h32

Du Canada au Brésil, en passant par le Texas ou encore les Landes françaises : ces dernières années, les feux de forêts n’épargnent plus aucun coin de la planète. Selon une étude publiée ce lundi, le nombre et l’intensité de ces «mégafeux», destructeurs et polluants, ont été multiplié par 2,2 dans le monde depuis 20 ans, en raison du réchauffement climatique dû à l’activité humaine.

À l’aide de données satellites, les chercheurs ont ainsi étudié près de 3 000 incendies de forêt ayant une énorme «puissance radiative» (la quantité d’énergie émise par rayonnement) entre 2003 et 2023. Ils ont constaté que leur fréquence avait été multipliée par plus du double au cours de cette période. Ce sont les forêts tempérées de conifères, notamment dans l’ouest des États-Unis, et les forêts boréales, qui couvrent l’Alaska, le nord du Canada et de la Russie, qui sont les plus touchées, avec une fréquence de tels incendies multipliée respectivement par 11 et 7.

En ne considérant que les 20 incendies les plus violents de chaque année, leur puissance radiative cumulée a également plus que doublé, à un rythme qui «semble s’accélérer», selon l’étude publiée dans le journal Nature Ecology & Evolution. «Je m’attendais à une hausse, mais ce taux d’augmentation m’a alarmé», a souligné l’auteur principal de l’étude, Calum Cunningham, de l’université australienne de Tasmanie. «Les effets du changement climatique n’appartiennent plus au futur et nous voyons aujourd’hui les signes d’une atmosphère qui s’assèche et se réchauffe», a-t-il ajouté, plaidant pour une meilleure gestion préventive des forêts.

L’année 2023 a connu «les intensités d’incendie de forêt les plus extrêmes»

En outre, au cours de sa croissance, la forêt absorbe le CO2, mais celui-ci retourne en masse dans l’atmosphère lorsque la végétation brûle, aggravant le réchauffement de la planète causé par les émissions de gaz à effet de serre. Cela crée un «effet de rétroaction», explique Calum Cunningham.

Les six années les plus extrêmes en matière d’intensité et de fréquence des incendies de forêt se sont produites depuis 2017, selon l’étude. Confirmant la tendance, c’est l’année 2023, la plus récente, qui a connu «les intensités d’incendie de forêt les plus extrêmes» sur la période étudiée. Avec ces feux, «de vastes régions sont traversées par le panache de fumée, ce qui a des effets importants sur la santé et entraîne beaucoup plus de décès prématurés que les flammes elles-mêmes», conclut le chercheur.