Basques et Landais se retrouvent le bec dans l’eau. Malgré la saison des vacances qui bat son plein à l’heure du fameux chassé-croisé estival, les maîtres nageurs sauveteurs commencent à prendre l’habitude de hisser le drapeau rouge. Ce mercredi 30 juillet, l’interdiction de se baigner concerne les plages basques de Bidart et Anglet et de Seignosse et Vielle-Saint-Girons dans les Landes.
En cause, la présence en masse d’un invertébré : la physalie. Surnommée «galère portugaise» ou encore «vessie de mer», elle est très souvent confondue avec la méduse. A tort. La physalie est bien plus dangereuse. Libé fait le point.
Comment la reconnaître ?
Une couleur bleu vif, des reflets violets, un aspect visqueux et translucide qui donne l’impression de faire face à un sac plastique abandonné dans la mer. En vérité, un flotteur de 15 à 20 cm soutient l’animal à la surface de l’eau, lui permettant de se déplacer grâce aux courants marins et au vent.
La physalie charrie derrière elle une myriade de filaments et tentacules, balayant une zone de 50 mètres de long dans les cas les plus extrêmes. De quoi perturber des pans entiers du Pays basque et des Landes.
La semaine dernière déjà, certaines ont été repérées au large, puis dans la zone de bain. Cinq plages disséminées entre Bidart et Anglet ont été forcées de fermer. Jeudi 17 juillet à Biarritz, l’accès à la plage du Port Vieux a été fermé en raison de la présence de l’algue ostréopsis, un autre spécimen marin problématique, provoquant des symptômes grippaux.
Guide du baigneur parisien
Quels dangers ?
Situées sous le flotteur de la physalie, des centaines de minuscules filaments se répandent dans l’eau à la manière d’un filet de traîne. Les longs membres de l’animal lui permettent de chasser ses proies, et d’ainsi immobiliser un banc entier de petits poissons. Son venin est aussi une défense face aux prédateurs que sont les tortues et autres pieuvres.
Bien malheureux est le baigneur qui croise le chemin d’une physalie. Chaque tentacule de l’animal est doté d’une multitude d’excroissances aux allures de perles boursouflées, qui, à leur contact provoquent une piqûre très douloureuse et urticante, à rendre l’ortie sympathique.
Ses filaments venimeux se détachent souvent dans les eaux et dévient au gré des vagues et des courants. De quoi surprendre le nageur qui se retrouve saisi par le choc, pris dans un tentacule ou un filament tel une dorade dans un chalut.
Sur la peau, le contact engendre de douloureuses lésions, semblables à une brûlure ou de l’urticaire. D’autres symptômes plus graves peuvent se manifester comme des malaises, une sensation de perte de connaissance ou encore une accélération du rythme cardiaque. Le 10 juillet, l’Agence régionale de Santé des Pays de la Loire a rappelé qu’en cas de présence de ces symptômes, le baigneur devait appeler le SAMU sans attendre.
Même morte, la physalie est une plaie : les tentacules et minuscules filaments de l’animal restent venimeux durant plusieurs semaines.
Que faire en cas de piqûre ?
Les secours recommandent de ne pas frotter la peau directement avec la main. Il faut retirer les tentacules en rinçant la zone touchée avec de l’eau de mer, en appliquant du sable sec. Alors, avec un carton rigide ou une carte bancaire, il convient alors de décoller le filament. «N’hésitez pas à demander de l’aide aux maîtres-nageurs sauveteurs pour prendre les mesures appropriées», a fait savoir le préfet des Landes dans un communiqué.
Dans un message posté sur Facebook en fin de semaine dernière, la Communauté Pays basque a annoncé que ses agents restaient attentifs à l’évolution de la situation et qu’elle maintenait son dispositif de surveillance.
Comment expliquer une telle prolifération de cette espèce ?
D’ordinaire, la physalie fait trempette dans les eaux tropicales et subtropicales des océans Indien et Atlantique. Friandes des courants chauds, elles y vivent en masse et peuvent se regrouper pour former d’impressionnants bancs de plusieurs millions d’individus.
Depuis quelques années, elle est observée sur les côtes d’Aquitaine et de Charente-Maritime. Elle reste exceptionnelle sur les côtes bretonnes mais a néanmoins été repérée dans le Finistère en janvier 2023.