Un filet à la main, il suspend sa phrase et tend l’oreille. «Là, on a un bourdon et une anthophore à pattes plumeuses.» A leur vrombissement, Hugues Mouret est capable de reconnaître des escadrons entiers d’insectes. Du poignet, le naturaliste fouette l’air avec son épuisette à bestioles. Le bourdon a été plus rapide, mais l’abeille «porteuse de fleurs» s’est fait prendre. Hugues Mouret la saisit délicatement en bloquant ses pattes arrière, tandis que ses ailes poursuivent leur battement frénétique : «Ouh, il n’est pas content ! C’est forcément un mâle car la femelle n’est pas encore sortie du nid à cette période.» Une fois observé, il est relâché.
Dans son jardin, ce spécialiste d’entomologie a recensé plusieurs centaines d’espèces d’insectes, dont près de 80 abeilles différentes. Directeur scientifique d’Arthropologia, une association de défense de l’environnement, Hugues Mouret est également expert «pollinisateurs et biodiversité» auprès du ministère de la Transition écologique. Débit mitraillette et hospitalité sans chichis, cet «activiste du vivant» assume d’être un «prosélyte» de la renaturation. Son credo : «La nature est une plus-value, non pas une entrave.» Alors autant «lui laisser le temps et l’espace pour qu’elle fasse son œuvre».
Laisser les jardins se «réensauvager»
«En deux générations, be