Sur la rivière Tefé, un affluent de l’Amazone au Brésil, la scène a des airs de fin du monde : les cadavres d’une centaine de dauphins roses et de milliers de poissons s’entassent et on soupçonne le réchauffement climatique d’avoir provoqué l’hécatombe.
«À 18 heures hier, sur la rivière Tefé, nous avons mesuré plus de 39 °C. C’est très chaud, horrible», a raconté au Guardian le chercheur en géosciences à l’Institut Mamirauá pour le développement durable, Ayan Fleischmann. D’autres causes sont à l’étude, comme la maladie ou une contamination par des eaux usées de la rivière, située dans l’Etat d’Amazonas, peuplé de 4 millions d’habitants, dont un grand nombre d’indigènes.
Sous le coup de la sécheresse, le niveau de l’Amazone, le plus long fleuve du monde, diminue fortement, ce qui provoque un réchauffement plus rapide des eaux, devenant un piège de chaleur pour les espèces qui y vivent.
«Il est encore trop tôt pour déterminer les causes exactes de ce phénomène extrême mais selon nos experts, il est certain que ce soit lié à la sécheresse et aux températures de l’eau élevées dans le lac Téfé qui ont dépassé les 39 °C», a expliqué l’institut à CNN. Ayan Fleischmann va un poil plus loin : le faible niveau de l’eau et sa température sont «sûrement la principale raison» de cette mortalité élevée, a-t-il déclaré au Guardian.
«Le mois dernier à Tefé a ressemblé à un scénario de science-fiction», a décrit Daniel Tregidgo, un chercheur britannique vivant dans la région, interrogé par le quotidien britannique. Observer les dauphins roses est l’un des grands privilèges quand on vit au cœur de l’Amazonie. Savoir qu’un dauphin est mort est triste. Voir des carcasses s’empiler est une tragédie».
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Comme d’autres régions du monde, le Brésil souffre ces derniers mois d’une météo extrême. L’Amazonas est sous le coup d’El Nino, qui revient tous les deux à sept ans réchauffer les eaux du Pacifique. Ce phénomène périodique naturel cause des perturbations dans plusieurs régions du globe. Et son effet s’ajoute à celui du changement climatique, qui fait grimper toujours plus haut le thermomètre mondial sur le long terme.
Vendredi, le gouverneur de l’Amazonas a décrété l’état d’urgence dans 55 communes de son Etat dont Manaus. En plus des répercussions sur la biodiversité, cette saison sèche affecte les habitants, pour qui la quasi-totalité des denrées alimentaires sont transportées par bateau.
Jeudi, la Ministre de l’Environnement, Marina Silva, avait déjà annoncé l’envoi par le gouvernement fédéral d’une aide humanitaire «d’urgence» face aux «risques pour l’approvisionnement en nourriture, en eau potable, ainsi qu’en produits d’hygiène et en médicaments».