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Pyrénées

En Ariège, une ourse abattue par un chasseur qu’elle a grièvement blessé

La chasse en débatdossier
Samedi après-midi, un chasseur âgé de 70 ans a fait feu à deux reprises sur l’animal qui l’a mordu à la jambe au niveau de l’artère fémorale. L’incident vient alimenter le bras de fer entre pro et anti-ours.
Un ours brun. (O. Alamany & E. Vicens/Getty Images)
publié le 21 novembre 2021 à 11h50
(mis à jour le 21 novembre 2021 à 11h50)

L’incident risque de rallumer les braises du débat sur la cohabitation entre l’homme et l’ours. Samedi après-midi, en Ariège, un chasseur a été grièvement blessé par une ourse, qu’il a fini par abattre. L’accrochage est survenu dans le massif du Couserans, sur le territoire de la commune de Seix, à quelque 70 kilomètres de la ville préfecture de Foix. Un groupe de chasseurs traquaient le sanglier quand l’un d’entre eux, âgé de 70 ans, a croisé la route d’une ourse et de ses petits. L’animal l’a mordu à la jambe avant qu’il ne fasse feu à deux reprises et ôte la vie de l’ourse.

Les gendarmes du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) ont été dépêchés pour prendre en charge le chasseur, gravement blessé au niveau de l’artère fémorale. Il a été évacué d’abord vers l’hôpital de Foix puis transféré vers les CHU de Toulouse en raison de la gravité de ses blessures. Quant à l’ourse, elle a été retrouvée morte à quelques mètres des lieux où le chasseur a été secouru.

Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les circonstances de cet accident. Mais avant même ses conclusions, les réactions pleuvent déjà. «C’est vraiment ce que l’on redoutait. Aujourd’hui, on voit bien que la cohabitation, c’est compliqué !», estime ainsi la présidente (PS) du conseil départemental de l’Ariège, Christine Tequi. Un danger, selon elle, aggravé par «la présence accrue des ours, qui se reproduisent» dans le secteur du Couserans. Il y aurait actuellement une quarantaine de plantigrades sur ce secteur, a-t-elle précisé.

Les éleveurs comptent les attaques d’ours, ses défenseurs celles de bovins

Cet été, un incident avait déjà alimenté la polémique entre pro et anti-ours, qui s’opposent depuis que la France a décidé de réintroduire cette espèce menacée d’extinction dans les Pyrénées. Début août, un berger du village de Saint-Lary, en Ariège, avait été poursuivi par un ours. Selon le maire du village, Gérard Dubuc, c’était la première fois «qu’un berger était attaqué par un ours, depuis que le programme de réintroduction de l’ours brun a été engagé dans les années 1990».

Pourtant selon Alain Servat, le président de la Fédération pastorale de l’Ariège (FPA), ces incidents sont devenus «le quotidien des bergers aujourd’hui». Il demande «que l’Etat prenne des décisions drastiques». Les opposants à l’ours réclament l’abattage des ours agressifs, et à leur tête les éleveurs, qui déplorent de nombreuses prédations de brebis, disent craindre dorénavant pour la sécurité des hommes.

Du côté des pro-ours un collectif, qui regroupe des associations comme WWF, France Nature Environnement (FNE), Ferus ou encore Pays de l’ours-Adet, dénonçait alors «une hystérie collective», soulignant qu’il n’y avait pas eu de blessé lors de cette confrontation du mois d’août. Le collectif déplorait dans un communiqué que les rares charges d’ours - il en dénombrait neuf de 1996 à 2021, avec un blessé - fassent plus de bruit qu’ «au moins 23 randonneurs ou chasseurs blessés, pour la plupart grièvement, et un tué, par des bovins en estive» entre 2010 et 2020.

En 2020, trois ours ont été tués illégalement dans les Pyrénées, deux en Espagne et un en France. Le gouvernement français s’est engagé à remplacer tout ours tué de la main de l’homme par des réintroductions, tandis que des éleveurs s’y opposent fermement.