L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des cyclones due au réchauffement de la planète pourrait entraîner une chute dramatique des populations d’oiseaux marins. Le passage du cyclone Ilsa en avril 2023 sur l’île de Bedout, au nord-ouest des côtes australiennes, a décimé 80 à 90% des effectifs de trois espèces d’oiseaux présentes sur l’île (le fou masqué, le fou brun et la frégate ariel), constate ainsi une équipe de chercheurs dans un article publié dans la revue scientifique Communications Earth & Environment le 6 juin.
Catégorisé de force 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson, soit le degré d’intensité maximal, le cyclone a balayé l’îlot d’à peine 17 hectares, qui abrite d’importantes colonies d’oiseaux marins. Après avoir effectué plusieurs observations terrestres et aériennes, les scientifiques ont dressé un état des lieux accablant : «La mortalité que nous avons constatée est sans précédent», a déclaré le docteur Alex Bond, conservateur principal chargé des oiseaux au Muséum d’histoire naturelle de Londres et co-auteur de l’étude, dans une interview accordée au quotidien britannique The Guardian. Au moins 20 000 oiseaux sont morts, selon les chercheurs.
Une intensification liée au changement climatique
Avec des vents enregistrés à plus de 280 km/h selon les services météorologiques, le cyclone a frappé l’île en pleine période de nidification, venant perturber le cycle de reproduction de plusieurs espèces. Un phénomène qui pourrait s’intensifier avec le réchauffement climatique. L’étude indique que 11 cyclones se forment chaque année en moyenne dans les eaux australiennes ou y entrent. Mais comme ailleurs dans le monde, leur fréquence et leur intensité augmente à mesure que le changement climatique s’aggrave. De sorte que les populations d’oiseaux marins ont de moins en moins le temps de se rétablir entre deux cyclones.
Ces événements climatiques extrêmes viennent s’ajouter à la surpêche, qui prive les volatiles des mers de nourriture. Selon une étude publiée en 2019 dans la revue Biological Conservation, les trois principales menaces qui pèsent sur les 359 espèces d’oiseaux marins recensées dans le monde sont les espèces invasives, les captures accidentelles par les engins de pêche et le changement climatique. Or, rappellent les chercheurs, ces oiseaux sont essentiels aux écosystèmes, notamment car le guano (leurs excréments), riche en nutriments, facilite la fertilisation des sols.