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Le Libé des animaux

En Bretagne, les fous de Bassan battent de l’aile

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Les grands oiseaux marins ont été durement touchés l’an dernier par la grippe aviaire, qui a décimé presque la moitié de leur colonie sur l’île Rouzic. Ses gardiens appellent à s’interroger sur les ressorts de l’hécatombe et à élargir les espaces protégés.

Sur l’île Rouzic, qui abrite l'une des 53 colonies au monde de fous de Bassan, dans les Côtes-d’Armor, le 28 septembre. (Fabrice Picard/Libération)
ParElodie Auffray
envoyée spéciale sur l'île Rouzic
Publié le 07/12/2023 à 16h00

Tous les articles du Libé des animaux, en kiosque les 8, 9 et 10 décembre, sont à lire ici.

Le ballet est revenu, comme tous les ans. Incessant, fascinant, lancinant : des centaines de fous de Bassan virevoltent continuellement aux abords de l’île Rouzic. Il y a ceux qui partent à la pêche, ceux qui en reviennent, et ceux qui tournoient tout simplement, tandis que des milliers de leurs congénères nichent en contrebas, sur les pentes abruptes de ce petit bout de terre, à l’extrémité est de l’archipel des Sept-Iles, à 5 km au large de Perros-Guirec, dans les Côtes-d’Armor.

Sur l’«île aux oiseaux», comme elle est surnommée par ici, ces grands volatiles marins, reconnaissables à leur plumage blanc éclatant et à leur tête jaunâtre, sont si nombreux, si concentrés et massés sur les flancs nord-ouest du rocher, qu’ils forment une tache laiteuse, bien visible depuis le continent. Un spectacle grandeur nature, immuable depuis des décennies, mais malmené : en 2022, la grippe aviaire a décimé la colonie, la seule de France. Des milliers d’oiseaux qui viennent se reproduire là chaque année, de fin janvier à octobre, fidèles à leur partenaire et à leur nid, ont été balayés : seuls 11 000 à