Combien sont-ils ? 200, 300 ? Après avoir longuement plané en attendant le festin, tous ont plongé sur le charnier dès qu’ont été déposés les cadavres de deux brebis et d’un agneau. A présent, leurs longs cous dénudés s’étirent et s’emmêlent, les becs se disputent les entrailles offertes. Certains jouent des ailes et déploient leurs presque 3 mètres d’envergure pour se frayer une place dans la mêlée. Les dépouilles des ovins disparaissent en quelques minutes.
Assister à la curée des vautours à Saint-Pierre-des-Tripiers relève du privilège. Niché entre les gorges du Tarn et de la Jonte, dans le sud-ouest de la Lozère et à un jet de pierre de l’Aveyron, ce site totalement isolé reste inaccessible au public. Les vautours des alentours, eux, le fréquentent assidûment. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) vient les observer, suivre l’évolution de leur population et les alimenter. Le menu ne varie guère : les cadavres collectés par la LPO proviennent de 18 élevages de brebis qui bénéficient ainsi d’un équarrissage rapide et naturel.
Une «pression croissante» sur les troupeaux des éleveurs
Les vautours avaient disparu des Grands Causses dans les années 40, victimes de tirs, d’empoisonnements et de faim, l’abandon dans les champs d’animaux morts devenant interdit. Dans les années 70, des ornithologues passionnés se sont attelés à la réintroduction du vautour