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Biodiversité

Espèces animales menacées : tortues vertes et saumons en danger, du mieux pour les antilopes

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L’Union internationale pour la conservation de la nature a mis à jour ce lundi 11 décembre, à la veille de la fermeture de la COP28, sa «liste rouge» des espèces menacées dans le monde.
Les tortues vertes du centre sud et de l’est de l’océan Pacifique sont respectivement classées «en danger» et «vulnérables». (Aurélien Brusini/Hemis.AFP)
publié le 11 décembre 2023 à 17h29

La liste s’allonge mais la biodiversité tient bon. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a profité de sa présence à la COP28 à Dubaï pour révéler ce lundi 11 décembre sa liste rouge annuelle des espèces menacées dans le monde. Le sombre catalogue, qui permet de mesurer le risque d’extinction de la faune et de la flore, compte désormais 157 190 espèces dont 44 016 menacées d’extinction à l’échelle mondiale, soit 1 908 de plus que l’année dernière. Si beaucoup d’espèces ont vu leur statut se dégrader, d’autres se portent mieux, conséquence de programmes de conservation sur leur territoire.

Les espèces de cette liste sont réparties dans une des neuf catégories évaluant leur risque d’extinction. Au mieux, elles font l’objet d’une «préoccupation mineure», au pire elles sont «éteintes à l’état sauvage», voire tout bonnement «éteinte». Cette année, deux espèces d’antilopes sont mises à l’honneur par l’UICN pour l’amélioration significative de leur situation. L’oryx algazelle, qui était «éteinte à l’état sauvage» depuis la fin des années 1990, est désormais classée simplement «en danger» grâce à sa réintroduction au Tchad. L’UICN ajoute toutefois que sa survie «dépend d’une protection continue contre le braconnage».

Les antilopes saïgas, principalement présentes au Kazakhstan, ne sont plus «en danger critique» d’extinction mais considérées comme «quasi menacées», leur population dans ce pays d’Asie centrale ayant augmenté de 1 100 % entre 2015 et 2022.

Ces évolutions dans le bon sens «montrent la puissance des efforts de conservation coordonnés au niveau local, national et international», se réjouit le président de l’Union internationale pour la conservation de la nature, Razan Al Mubarak. «Des réussites comme celle de l’oryx [algazelle] montrent que la conservation fonctionne. Pour que les résultats des actions de conservation soient durables, nous devons nous attaquer de manière décisive aux crises liées au climat et à la biodiversité», a-t-il ajouté.

Et ce n’est pas tout. Le phoque moine de Méditerranée est seulement «vulnérable» quand il était autrefois «en danger». L’écureuil géant des Célèbes, une espèce endémique à l’Indonésie, fait désormais l’objet d’une «préoccupation mineure» et n’est plus vulnérable.

Mais ces bonnes nouvelles ne doivent pas faire oublier les nombreuses autres espèces menacées par le changement climatique. «Cette mise à jour […] met en évidence les liens étroits entre les crises du climat et de la biodiversité, qui doivent être abordées conjointement», soutient la directrice générale de l’organisation intergouvernementale, Grethel Aguilar.

«Le pouvoir d’arrêter»

Parmi les évolutions plus inquiétantes, le saumon atlantique – jusqu’alors classé dans la catégorie «préoccupation mineure» – est désormais considéré comme «quasi menacé». Sa population à l’échelle mondiale a reculé de 23 % entre 2006 et 2020, en raison notamment de la raréfaction de ses proies liée au changement climatique et aux conséquences des activités humaines.

Les tortues vertes du centre sud et de l’est de l’océan Pacifique sont respectivement classées «en danger» et «vulnérables». Les températures élevées ont entraîné une baisse du taux d’éclosion, et l’élévation du niveau de la mer menace d’inonder les nids. Elles sont également victimes de captures accidentelles pendant la pêche.

Du côté des plantes, le mahogany grandes feuilles, aussi connu sous le nom de bois d’acajou – utilisé pour fabriquer des meubles, des éléments décoratifs ou des instruments de musique – passe de «vulnérable» à «en danger». Sa population en Amérique centrale et latine a diminué d’au moins 60 % ces 180 dernières années, précise l’UICN, conséquence des modes de culture non durables ou de la croissance urbaine et de celle des terres agricoles grignotant les forêts tropicales.

«Le déclin des espèces est un exemple des ravages causés par le changement climatique, que nous avons le pouvoir d’arrêter en prenant des mesures urgentes et ambitieuses», a affirmé à la COP28 Grethel Aguilar, dans l’espoir que son appel à l’aide pour sauver la faune et la flore soit entendu.