Les derniers rayons du soleil de cette journée d’octobre disparaissent derrière les sommets du massif du Jura et s’éteignent côté suisse. Le troupeau de dix veaux qui pâture à flanc de colline à Reculfoz (Doubs) n’est plus qu’un amas de formes grises. Au crépuscule, sous le tintement des cloches en cuivre, deux voitures apparaissent soudain à l’autre bout du champ. Les portières claquent. Deux lampes frontales s’allument. Les couches de vêtements s’empilent. Sur une grosse pierre, Hervé Perrin, retraité de 64 ans, appose le pain et la cancoillotte. «Le plus important, c’est de casser la croûte avant que les choses sérieuses ne commencent», sourit-il. Il replace son pendentif en forme de tête de loup au centre de sa chaîne.
Sur une chaise de camping installée à quelques mètres, son binôme du jour, Laurent Boissenin, de deux ans son aîné, acquiesce. Jusqu’au petit matin, le duo de bénévoles de l’association Vigie Jura – qui souhaite faciliter la coexistence entre grands prédateurs et activités humaines – «aura le troupeau entre ses mains», explique le second retraité. «Il y a dix veaux le soir, il faut en rendre dix le matin.» Pendant toute la n