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Chinatown, Bangkok, Thaïlande. Les voitures klaxonnent, les scooters slaloment et les camionnettes pétaradent sous les sinogrammes des enseignes lumineuses. Sur les trottoirs, la même effervescence. Les piétons se croisent et s’invectivent devant les étals de fruits et de brochettes fumantes. Derrière la vitre d’un restaurant, une jeune femme, penchée sur une table en formica, les cheveux en arrière, s’affaire la mine concentrée au-dessus d’un grand saladier. Dans sa main gauche, une louche ; dans la droite, une pince à épiler. Elle extrait plumes et poussières d’une masse gélatineuse sans couleur ni odeur. Des nids d’hirondelles, ramollis dans l’eau. Des nids de salanganes précisément, ou Aerodramus fuciphagus. Une espèce endémique des îles d’Asie du Sud-Est qui peuple les côtes de la Birmanie à l’Indonésie, en passant par la Thaïlande et la Malaisie. Un oiseau qui vit en colonie, dans des grottes uniquement accessibles par les airs ou par la mer. Pour y construire son nid, à même la roche, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, la salangane utilise sa salive, qui se solidifie en séchant. Depuis la dynastie Tang, il y a plus d’un millénaire, les nombreuses vertus que la médecine chinoise lui confère – rajeunissante, régénérante et aphrodisiaque – ont fait de ce nid un m