La nuit est tombée. Ce lundi 15 juillet, seules la lune et les étoiles se reflètent sur le lac d’Allos, niché au nord-ouest du parc national du Mercantour (Alpes-Maritimes). Enfin presque. Sur l’autre rive, une lumière ronde, artificielle, brille dans le noir. «Aujourd’hui, c’est calme, mais d’habitude on croirait qu’il y a une ville», grommelle Raymond, adossé au mur de sa cabane pastorale. Berger «depuis toujours», le sexagénaire vient tous les ans faire paître ses moutons de juillet à septembre. Ce site à la beauté sauvage, où mélèzes, montagnes et fleurs multicolores, encerclent l’eau bleu pâle, il le connaît par cœur. Le lac d’Allos, enfant des glaciers situé à 2 228 mètres d’altitude, est un joyau d’une extrême fragilité. Ses multiples habitants passent une grande partie de leur vie au ralenti, piégés sous la glace et la neige. A l’arrivée du dégel, l’écosystème se remet doucement en activité. Puis les chamois réapparaissent sur les parois verticales, les marmottes sortent de leur terrier et les vers luisants scintillent au milieu de la pelouse alpine.
Un véritable paradis de biodiversité qui se transforme d’année en année en spot touristique, soupire Raymond. Le bassin naturel se trouve à quarante-cinq minutes de marche depuis le dernier parking accessible en voiture. Faisant de lui l