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Décryptage

Introduire des espèces exotiques pour en réguler d’autres, un pari risqué avec la nature

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Si la lutte biologique a su faire ses preuves, utiliser un prédateur pour réguler une espèce invasive n’est pas toujours sans conséquence sur les écosystèmes, et peut même s’avérer contre-productif.
Si l’introduction volontaire d’un parasitoïde venu d’Asie constitue un espoir pour sauver la filière cerise en France, la lutte biologique peut parfois virer au cauchemar. (Heidi & Hans-Jurgen Koch / Minden Pictures / Biosphoto/Minden Pictures.Biosphoto)
publié le 18 mai 2024 à 10h07

Entre les premiers dégâts de la mouche invasive Drosophila suzukii, constatés sur des cerises françaises en 2010, et l’introduction intentionnelle de son prédateur naturel pour la combattre, il s’est écoulé treize ans. Plus d’une décennie durant laquelle les scientifiques de l’équipe Recherche et développement en lutte biologique de l’Inrae ont tenté de trouver l’insecte idéal qui viendra réguler naturellement les populations de la drosophile du cerisier, plutôt que d’utiliser des pesticides. Une démarche étayée et minutieuse, qui a nécessité l’accord des autorités. Malgré tout, le coresponsable de ce groupe de recherche Nicolas Borowiec concède auprès de Libération : «Il y a un écart entre ce que l’on observe au laboratoire dans des conditions artificielles et contrôlées, et ce qu’il se passe dans la nature.»

«Mesurer la balance des coûts et des bénéfices»

Si l’introduction volontaire d’un parasitoïde venu d’Asie constitue un espoir pour sauver la filière cerise en France et qu’elle est très encadrée, la lutte biologique peut parfois virer au cauchemar. Ce fut le cas en Australie, avec une