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Jozée Sarrazin, exploratrice des abysses : «On ne connaît pas assez les fonds marins pour y exploiter les minerais»

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Alors qu’une réunion des pays membres de l’ONU se tient en Jamaïque, Jozée Sarrazin, chercheuse à l’Ifremer et actuellement en mission dans l’Atlantique, alerte sur les risques encourus par les espèces vivant dans les abysses si l’extraction de métaux était autorisée.

Quelques rares espèces peuplent cet environnement extrême. Ci-dessus, un poulpe à oreilles, appelé pieuvre Dumbo, observé en juillet par les scientifiques de la campagne Momarsat à 1 700 mètres de profondeur, au large des Açores. (Victor6000/Campagne Momarsat 2023)
ParMargaux Lacroux
Journaliste - Environnement
Publié le 27/07/2023 à 20h00

Les abysses ou le nouvel eldorado minier. En cette fin juillet, 168 Etats membres de l’ONU sont réunis en Jamaïque pour discuter de l’avenir de ces espaces convoités pour leurs ressources métalliques. Les grands fonds marins, soit 66 % de la surface planétaire, sont loin d’avoir livré tous leurs secrets : à peine 5 % ont été explorés et des millions d’espèces extraordinaires pourraient encore y être découvertes. Pour aller à leur rencontre, Jozée Sarrazin, chercheuse en écologie à Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), plonge dans les entrailles océaniques grâce à un sous-marin. Son terrain d’investigation : les champs hydrothermaux, semés de grandes cheminées renfermant des métaux rares. Son camp de base : un observatoire sous-marin installé il y a dix ans au large des Açores.

Actuellement sur un navire d’exploration scientifique au milieu de l’Atlantique, la chercheuse nous met en garde : la faune vivant à ces profondeurs peinerait à se remettre si une exploitation industrielle des minerais, et le passage de machines destructrices, était autorisée.

A quoi ressemblent ces milieux situés à plus de 200 mètres sous les mers ?

C’est un paysage mosaïque, varié, riche, comme un paysage terrestre. La plaine abyssale, presque déser