La biodiversité à l’honneur. L’écologue Sandra Lavorel a décroché ce jeudi 22 septembre la médaille d’or 2023 du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Une récompense prestigieuse attribuée au nom de ses travaux concernant les conséquences sociétales et économiques des altérations de la biodiversité, elles-mêmes dues aux changements environnementaux. Elle est la septième femme à recevoir la médaille d’or depuis sa création en 1954, précise l’organisme de recherche français.
L’écologue – une scientifique spécialiste de l’écologie – est née en 1965 à Lyon. Cette «actrice majeure de sa discipline» affiche un CV fourni : un parcours à l’Institut national agronomique Paris-Grignon, un doctorat en écologie et sciences de l’évolution à l’Université du Languedoc à Montpellier ; l’obtention de l’ordre national du Mérite en 2016 ; et enfin l’acquisition du statut d’officier de la Légion d’honneur en 2022.
Au cours de sa carrière et de son parcours international qui la mène à étudier en France, en Australie et en Nouvelle-Zélande, Sandra Lavorel devient «pionnière dans la définition et l’analyse des services rendus par la biodiversité aux sociétés humaines». Cette chercheuse au CNRS depuis trente ans, également membre de l’Académie des sciences depuis 2013, mène des recherches qui «œuvrent à une meilleure compréhension des enjeux environnementaux», selon Antoine Petit, à la tête de l’organisme réputé à travers le monde. Et le dirigeant de poursuivre : ses travaux «permettent d’appréhender le fonctionnement et les dynamiques des écosystèmes en réponse aux changements planétaires auxquels nous sommes confrontés».
#Communiqué 🗞️ La médaille d'or 2023 du @CNRS distingue l’écologue Sandra Lavorel, spécialiste du fonctionnement des écosystèmes, pionnière dans la définition et l’analyse des services rendus par la biodiversité aux sociétés humaines.
— CNRS 🌍 (@CNRS) September 21, 2023
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La chercheuse s’est dite «vraiment très fière de pouvoir porter la cause de la biodiversité». Il s’agit pour elle d’un sujet qui va «au-delà des espèces menacées ou en danger d’extinction», parce que la biodiversité «sous-tend tout un ensemble de fonctions pour le bon fonctionnement de la planète Terre». Sandra Lavorel a notamment démontré que les «changements climatiques et d’usage des sols affectent la morphologie et la physiologie des plantes». Des travaux pionniers qui permettent aujourd’hui «d’élaborer des scénarios d’évolution des paysages utiles aux politiques d’aménagement». La scientifique recevra la médaille d’or lors d’une cérémonie prévue en décembre, ainsi qu’une dotation de 50 000 euros de la part de la Fondation CNRS.
La biodiversité «doit être l’affaire de tous»
La chercheuse, ancienne membre de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes) – surnommée le «Giec de la biodiversité» et travaillant sous l’égide de l’ONU – participe actuellement à une évaluation des liens entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le climat au laboratoire d’écologie alpine à Grenoble. Si elle cite la «dégradation des sols et l’utilisation des espèces» comme la première menace pour la biodiversité, avant la pollution et le changement climatique, elle estime que «c’est la combinaison de ces menaces qui est vraiment très néfaste». Et qui nécessite donc une réponse d’ensemble.
Au rapport
Le gouvernement français a dans cette perspective dévoilé en juillet une stratégie nationale visant à s’attaquer aux pressions exercées sur la biodiversité et à restaurer la nature. Mais pour la chercheuse, ce sujet «doit être l’affaire de tous les secteurs économiques, pas seulement du ministère de l’Environnement». Sandra Lavorel répète que «la nature contribue au bien-être des humains», et peut les aider à s’adapter à des bouleversements d’ampleur, comme le changement climatique. Mais avant d’appliquer des solutions telles qu’une gestion forestière raisonnée ou une diversité génétique des cultures, il faut que la société «progresse dans cette compréhension qu’on fait partie de la nature et que nous ne sommes pas à côté».