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Interview

«La haie est aussi poétique que politique»

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Symbole de la colère des agriculteurs à cause des réglementations qui les gouvernent, les haies disparaissent à une vitesse ahurissante. L’essayiste Sonia Feertchak, pour qui elles sont «un objet de pensée passionnant», appelle à les protéger d’urgence.
Les haies, rappelle Sonia Feertchak, «permettent de réguler l’eau. Elles fournissent aussi de l’ombre et de la nourriture au bétail, limitent l’érosion des sols…» (Fabrice Picard/Vu pour Libération)
publié le 18 février 2024 à 8h06
(mis à jour le 12 avril 2024 à 17h34)

Les haies auront rarement été autant dans l’actualité que ces derniers mois. Pointées du doigt depuis le début de la crise agricole par les syndicats productivistes comme la FNSEA, elles sont à l’honneur, si l’on peut dire, de la révision de la Politique agricole commune (PAC) que les eurodéputés voteront «en urgence» fin avril pour détricoter certaines règles environnementales, dont celles qui les concernent. Elles figurent aussi dans le projet de loi agricole français présenté le 3 avril, qui prévoit de passer de «quatorze réglementations» s’appliquant à celles-ci à une seule. «Si des efforts de mise en cohérence de ces réglementations sont à faire, toutes servent un seul objectif : préserver les haies en raison de leur importance pour la biodiversité, pour la préservation de l’eau dans les sols et pour la production agricole elle-même», rappelle pourtant la fédération d’associations France Nature Environnement. Et de souligner que «le problème n’est pas le trop-plein de réglementation, mais l’absence d’application de cette réglementation, puisque 23 500 km de haies continuent de disparaître chaque année».

En avril 2023, un rapport du ministère de l’Agriculture tirait ainsi la sonnette d’alarme. Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français, soit environ 1,4 million de kilomètres. Le mouvement s’est même accéléré ces dernières an