Papaye, truffe frémissante, décèle sans coup férir l’odeur âcre des Pétrels de Barau. La chienne de Sylvain a été dressée «dès trois mois» pour sauver cet oiseau marin endémique de la Réunion, classé en danger d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature. «Une nuit, nous avons récupéré 240 pétrels échoués au sol», se souvient Sylvain, retraité et bénévole de l’association Seor (Société d’études ornithologiques de la Réunion). Une fois à terre, les volatiles noir et blanc sont incapables de décoller, à la merci des chats et voitures.
Ces juvéniles de trois mois s’envolent en avril des massifs du piton des Neiges et du Grand Bénare, les sommets de l’île, entre 2 800 et 3 000 mètres d’altitude. Ils visent l’océan, où ils doivent passer environ cinq ans, dormant sur les flots. Ils ne reviennent sur la terre ferme qu’une fois leur maturité sexuelle atteinte. Mais le département d’outre-mer, fort de ses 850 000 habitants, est un caillou brillant de mille feux. Les lumières des lampadaires, des stades, des centres commerciaux, des publicités les attirent, se confondant avec le reflet de la lune et des étoiles sur la mer. Des centaines de ces taille-vent – le nom créole – qui n’existent nulle part ailleurs au monde, mourraient sans l’intervention de la Seor.
Nuits sans lumière
Mardi, Sylvain et Papaye, qui patrouillent tous les soirs d’avril, en ont retrouvé un à Cilaos, un cirque géologique cerné de montagnes, un des couloirs migratoires par lequel tran