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Biodiversité

La Suède lance la chasse au loup pour réduire de moitié sa population

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Jusqu’à 30 individus de ces grands carnivores pourront être tués en toute légalité en Suède, qui ouvrira la chasse au loup jeudi 2 janvier. A terme, le gouvernement veut réduire la population de moitié pour protéger le bétail.
La photo d'un loup abattu montrée sur le téléphone de Lars Bjork, un chasseur suédois de 59 ans, le 24 janvier 2023. (Jonathan Nackstrand/AFP)
publié le 1er janvier 2025 à 14h41

Une espèce menacée et pourtant chassée. En Suède, la chasse au loup s’ouvrira jeudi 2 janvier, le pays souhaitant réduire, à terme, de moitié la population de ce prédateur. Le gouvernement suédois a donné son feu vert pour la chasse de cinq familles entières de loups, soit 30 individus, rapporte le Guardian.

La population de loups en Suède a diminué de près de 20 % en 2022-2023 : il n’y a plus que 375 individus recensés. Ce déclin est dû à une pression de chasse accrue, alors que le gouvernement a annoncé en 2024 son intention de réduire de moitié la population, 170 loups devenant le nouveau niveau minimum pour un «état de conservation favorable», au lieu du minimum actuel de 300.

Règles assouplies

Les opposants à cette mesure affirment qu’ainsi appliquée, elle mettrait en danger la population de loups, qui a toujours été fragile en Suède. De fait, le pays n’a pas eu de population reproductrice de 1966 à 1983, et l’espèce y est classée en voie de disparition sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Cette chasse accrue s’inscrit dans une tendance plus large, l’Union européenne ayant pour intention d’assouplir les règles sur les prélèvements de loups, permettant à ses Etats-membres d’en tuer plus. En effet, la Commission européenne envisage de réviser sa directive sur les habitats pour tenir compte de l’augmentation du nombre de ces grands carnivores en Europe, sous la pression des agriculteurs estimant que cela constitue une menace pour le bétail.

Début décembre, les membres de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe ont voté en faveur du changement du statut des loups, qui passeraient d’une espèce «strictement protégée» à une espèce «protégée». Cette modification entrera en vigueur le 7 mars 2025 et permettra à l’UE d’autoriser plus facilement l’abattage de ces animaux.

Les écologistes, eux, estiment qu’au lieu de modifier les lois et de tuer ces carnivores, les agriculteurs pourraient prendre des mesures préventives, par exemple en installant des clôtures électriques. «Nous sommes très critiques à l’égard de la décision de l’UE de dégrader le statut de protection du loup», a déclaré Magnus Orrebrant, président de l’Association suédoise des carnivores. «Si l’UE donne suite à la dernière décision de la Convention de Berne en modifiant le statut de protection du loup dans la directive sur l’habitat, le résultat sera très négatif non seulement pour les loups, mais pour toute la faune sauvage en Europe.»

«Victime de la désinformation»

Toutefois, Magnus Orrebrant juge que la décision européenne n’aura pas d’impact immédiat sur la population de loups en Suède, le gouvernement autorisant déjà la chasse : «Depuis 2010, le gouvernement suédois ne tient pas compte du statut de protection spécial du loup, autorisant une chasse annuelle sous quota, enfreignant ainsi la législation européenne. Nous avons déposé une plainte officielle auprès de la Commission européenne, ce qui a conduit à une procédure d’infraction contre la Suède, qui n’a pas abouti jusqu’à présent.»

Léa Badoz, responsable du programme sur la faune sauvage au sein du groupe Eurogroup for Animals estime de son côté que «le loup est malheureusement le dernier pion politique en date, victime de la désinformation. Le déclassement de la protection ne résoudra pas les problèmes de coexistence et n’aidera pas les agriculteurs.»