Les forêts tropicales, des poumons verts de la planète, sont meurtries par la déforestation et le changement climatique. Parce qu’il estime que leur protection est l’affaire de tous, le président brésilien proposera la création d’un fonds international qui leur sera dédié lors de la COP28, grande messe du climat qui doit se tenir à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre. C’est ce qu’a déclaré la ministre brésilienne de l’Environnement jeudi 23 novembre. L’initiative consiste en «un mécanisme de paiement par forêt sur pied, par hectare, pour aider à protéger les forêts tropicales des 80 pays» qui en possèdent sur leur territoire, a précisé Marina Silva, lors d’un séminaire à propos de l’évaluation et de l’amélioration des dépenses publiques à Brasília.
Le gouvernement brésilien a présenté l’idée aux autres membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (ACTO), une organisation socioenvironnementale fondée par huit pays d’Amérique du Sud qui partagent la riche biodiversité de cette plus grande forêt tropicale du monde. Tous s’étaient réunis en août dernier dans la ville de Belém, sans véritables objectifs chiffrés et grandes annonces fortes à la clé. Ce nouveau fonds international constitue alors «une architecture simple […], innovante et efficace» a souligné la ministre. Il serait géré par «une institution financière multilatérale», a-t-elle complété.
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Ce mécanisme diffère du Fonds Amazonie déjà mis en œuvre et administré par la Banque publique de développement (BNDES), une initiative financée par des dons étrangers et qui avait été suspendue sous le gouvernement Bolsonaro. Luiz Inacio «Lula» da Silva devrait livrer des détails supplémentaires sur ce nouveau dispositif lors de la 28e conférence des Nations unies sur le climat. Le leader de gauche a répété que les pays industrialisés devraient assumer la responsabilité de leur pollution et déforestation en contribuant financièrement à la conservation des forêts et des jungles. Le président Lula, revenu au pouvoir en janvier, a fait de la défense de l’environnement, et en particulier de l’Amazonie, un axe fort de son action, notamment internationale. Il a par ailleurs promis d’éradiquer la déforestation illégale d’ici à 2030.
Augmenter la surface agricole sans déforestation
Mais il veut aussi permettre l’essor du puissant secteur de l’agro-négoce, alors que le Brésil est devenu un géant agricole. Roberto Perosa, secrétaire chargé du commerce et des relations internationales au sein du ministère de l’agriculture, a en parallèle annoncé que le Brésil présentera à la COP28 un plan visant à augmenter la surface agricole du pays sans déforestation. L’idée serait de convertir des terres de pâturage déjà existantes. «Nous avons réalisé une étude et avons comptabilisé près de 160 millions d’hectares de zones de pâturage. Sur ce total, environ 40 millions d’hectares se situent sur des zones de pâturage dégradées, mais très propices aux cultures. Alors, moyennant un certain investissement dans le sol, cette terre peut être convertie en zone cultivable», a-t-il expliqué au cours d’une conférence de presse en ligne.
En dix ans, le gouvernement compte investir 120 milliards de dollars et étendre les zones de culture du Brésil, qui passeraient de 65 à 105 millions d’hectares, sans déforestation. «Nous allons faire l’expansion sans abattre aucun arbre», a mis en avant le responsable, évoquant une «grande révolution». Selon lui, l’initiative privée permet actuellement de convertir près d’un million et demi d’hectares chaque année.
D’après une étude publiée en 2021, la forêt amazonienne brésilienne, victime du changement climatique et des activités humaines, a rejeté ces dix dernières années plus de carbone qu’elle n’en a absorbé. Un basculement majeur et inédit, qu’il faut enrayer au plus vite.