«Libération» publie tout l’été une série de reportages, en partenariat avec le Comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) consacrés aux grands enjeux liés à la biodiversité, à l’occasion du Congrès mondial de la nature de l’UICN, organisé du 3 au 11 septembre à Marseille.
Trois femmes marchent lentement, côte à côte, à un mètre de distance l’une de l’autre, la tête penchée, regard vers le bas, concentrées. Sur le dos de leur tee-shirt gris, un logo mi-feuille mi-oiseau et l’inscription «Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (CEN PACA)». Nous sommes au cœur des coussouls de Crau, un écosystème de pelouses sèches aux portes d’Arles, entre Alpilles et Méditerranée. Le soleil cogne, le thym embaume. La steppe semi-aride est parsemée de fleurs jaunes et violettes et d’innombrables galets charriés jadis par la Durance, qui étendait ici son delta avant de changer de tracé.
«En voilà un !» C’est l’une des exploratrices qui pointe son doigt. On s’approche, on scrute. Rien. Puis on distingue enfin l’animal tant recherché, qui a eu la bonne idée d’être pile de la même couleur rousse que le gros caillou sur lequel il est juché. Mimétique, immobile à l’approche d’un danger, silencieux car stridulant rarement, le criquet de Crau est la discrétion même. Pourtant, l’insecte est de belle taille : 5 cm, celle d’un pouce, ce qui en fait l’un des plus gr