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Massacre

Le Japon étend sa chasse à la baleine au rorqual commun, une espèce protégée et «vulnérable»

Tokyo a décidé ce mercredi 31 juillet d’étendre sa chasse commerciale à la baleine en ciblant également le rorqual commun, deuxième plus grand mammifère vivant sur la planète. Une annonce qui intervient le même jour que la demande d’extradition vers l’archipel du militant écologiste Paul Watson.
Le rorqual commun avec un plongeur des Açores. (GERARD SOURY/Biosphoto via AFP)
publié le 1er août 2024 à 16h32

L’annonce pourrait être perçue comme une provocation. Alors que le Japon a, ce mercredi 1er août, officiellement demandé au Danemark l’extradition de Paul Watson – célèbre militant écologiste américano-canadien opposé à la chasse à la baleine et arrêté le mois dernier au Groenland au titre d’une notice rouge d’Interpol – l’archipel a annoncé le même jour étendre la portée de sa chasse commerciale aux cétacés.

Tokyo veut désormais également cibler le rorqual commun, deuxième plus grand mammifère vivant sur la planète après la baleine bleue. Le pays, l’un des trois seuls pays au monde à chasser les baleines à des fins commerciales, aux côtés de la Norvège et de l’Islande, a donc ajouté cette espèce à sa liste de cétacés ciblés qui comprend déjà le petit rorqual, le rorqual de Bryde et le rorqual boréal. «Notre principale justification, c’est qu’il y a des ressources suffisantes» de baleines à nageoires, a déclaré ce jeudi un responsable de l’agence de pêche japonaise au sujet du programme visant à en chasser 59 cette année. Les rorquals communs sont toutefois toujours considérés comme «vulnérables» par l’Union internationale pour la conservation de la nature.

La décision du Japon a ainsi immédiatement alarmé les défenseurs des droits des animaux. De son côté, l’Australie s’est dit, elle aussi, «profondément déçue», selon les déclarations de sa ministre de l’Environnement, Tanya Plibersek, dans un communiqué. «L’Australie s’oppose à toute chasse à la baleine à des fins commerciales et exhorte tous les pays à mettre fin à cette pratique», a-t-elle ajouté.

Une décision en contradiction avec moratoire sur la pêche commerciale à la baleine

Le Japon chasse les baleines depuis des siècles, dont la viande avait été une source essentielle de protéines dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale. Après un moratoire mondial de la Commission baleinière internationale (CBI) sur la chasse commerciale, le pays avait malgré tout continué à chasser les baleines, à des fins «scientifiques», en tuant des centaines en Antarctique et dans le Pacifique Nord.

Très critiqué à l’étranger pour cette hypocrisie, le Japon avait alors quitté en 2019 la Commission baleinière internationale (CBI) pour s’affranchir du moratoire et a repris la chasse - ouvertement - commerciale à la baleine dans ses eaux territoriales et sa zone économique exclusive, c’est-à-dire son propre espace maritime. Le Japon a ainsi tué 294 baleines l’an dernier.