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Le Libé des animaux

En Ecosse, les Highlands à la merci de l’effet de cerf

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Symbole local, le mammifère a proliféré dans les Highlands pour le plus grand plaisir des touristes… mais ravage tout sur son passage. A tel point que sa chasse est devenue indispensable pour préserver l’écosystème local. Jusqu’où ?
250 000 ? Un million ? Difficile d'estimer le nombre de cerfs rouges peuplant les Highlands, en Ecosse. Ici à Glen Etive, en novembre 2020. (Jeff J Mitchell/Getty Images.AFP)
par Juliette Démas, envoyée spéciale en Ecosse
publié le 23 décembre 2024 à 15h00

Tous les articles du Libé des animaux, en kiosque les 24 et 25 décembre, sont à lire ici.

Les pattes repliées sous son abdomen, la biche regarde vers la vallée. Une pluie horizontale dessine des rigoles dans son pelage gris-brun d’hiver, agaçant ses oreilles à l’affût. Les bruits se superposent : celui des gouttes épaisses qui agitent les herbes hautes, le vent glacial qui les emporte, le craquement de la rivière en contrebas, gonflée par la fonte des premières neiges. Elle veille, attentive, aux côtés de ses deux faons. Elle n’a pas remarqué le pick-up stationné sur la route. Mike MacNally a dissimulé son véhicule dans un virage, avant de traverser un ruisseau et de grimper sur l’autre versant de la colline d’un pas sûr, en veillant bien à rester sous le vent. Il s’est agenouillé derrière un monticule pour ramper sur les derniers mètres. Le fusil en position, dégoulinant et engourdi, il ajuste la lunette et retient sa respiration.

A 70 ans passés, couvert de tweed des pieds à la tête, logée dans un chapeau à double visière dont les cache-oreilles sont attachés en un nœud comique sur le haut de sa tête (le deerstalking hat indissociable de Sherlock Holmes), Mike MacNally arpente les collines comme son père avant lui : jusqu’à ce que la lumière du jour baisse en milieu d’après-midi, avec son thermos de thé sucré et son sandwich triplement emballé. S’il ne déplace p