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Communication animale

Les éléphants utilisent une constellation de signaux pour se saluer

La biodiversitédossier
Battements des oreilles, défécation, grognements… Une nouvelle étude publiée jeudi 9 mai fait l’inventaire des salutations des plus grands mammifères, des comportements qui servent à renforcer les liens sociaux entre congénères.
Eléphants d'Afrique, une femelle et son petit, au sein du parc national de Hwange, au Zimbabwe, en 2016. (Eric Le Go/ONLYWORLD.NET)
publié le 11 mai 2024 à 10h55

L’humain a la bise, la poignée de main et le sourire. Pour saluer son prochain, l’éléphant, lui, dispose d’un large éventail de signaux, révèle jeudi 9 mai une étude dans Communications Biology. Une «constellation» de signaux, même, grâce auxquels «les éléphants se saluent avec des gestes et vocalises spécifiques» selon le degré d’attention que lui porte son congénère. Une nouvelle preuve de l’intelligence des pachydermes ?

En effet, ces salutations sont dirigées «vers un individu et leur modalité dépend de l’état d’attention visuelle du destinataire», a établi une équipe du département de biologie comportementale et cognitive de l’Université de Vienne. La difficulté d’observer finement des comportements individuels dans un groupe d’éléphants sauvages a poussé les chercheurs vers une petite colonie de neuf éléphants de savane en semi-captivité, mâles et femelles, dans la réserve Jafuta au Zimbabwe.

Vocalises et signaux olfactifs

Sur une période de deux mois, les scientifiques ont pu enregistrer 89 rencontres, avec plus de 1 200 signaux émis. Les chercheurs ont ainsi constitué un répertoire des communications entre ces animaux, dont les signaux prennent plusieurs formes : acoustiques (dont le grognement est le plus courant), visuels (notamment les mouvements d’oreilles, de la tête ou de la queue), tactiles (par frottement ou contact entre individus), mais aussi olfactifs (comme le fait d’uriner, ou les sécrétions glandulaires), voire sismiques (avec des coups de patte sur le sol).

Un cinquième des signaux observés étaient des vocalises. Les signaux olfactifs, avec urine, défécation ou sécrétions glandulaires étaient présents dans près de trois quarts des rencontres. Ces salutations ont toujours révélé une combinaison de signaux, les plus courantes associant grognements et battements d’oreilles, mais aussi grognements et oreilles raidies.

A l’état sauvage, les mâles privilégient l’utilisation de leurs trompes vers des organes odorants, le derrière ou des glandes temporales, sur la tête, ou seulement des grognements. Dans la réserve, les mâles se comportaient plutôt comme les femelles, avec des «rencontres élaborées» associant plusieurs signaux. Cela crédibilise l’hypothèse, selon l’étude, que de tels comportements «servent à renforcer les liens sociaux».

Enfin, pour qualifier une communication d’intentionnelle, il faut qu’elle soit dirigée vers une audience en particulier. Ce qui s’est révélé être le cas avec l’éléphant, qui adapte ses signaux à l’attention visuelle que lui porte son destinataire. Si son congénère ne le regarde pas, l’éléphant choisira plutôt des signaux tactiles ou audibles. Au contraire, il utilisera des signaux visuels silencieux, en battant des oreilles ou en déféquant, dans le cas inverse. De là à savoir si l’ordre utilisé dans les signaux a un sens, l’étude admet que les paris restent ouverts.