C’est l’histoire d’une petite souris… croquée par un étudiant. La scène, surréaliste, s’est déroulée en septembre lors d’une soirée sur une plage de Marseille. Pour amuser la galerie, un homme de 20 ans a mangé, vivante, la souris domestique d’une de ses camarades. La séquence filmée et diffusée sur les réseaux sociaux a suscité un tollé, notamment parmi les associations de défense des animaux. «Ce n’est pas parce que l’animal maltraité est petit qu’il souffre moins ou que l’acte de cruauté dont il est la victime est moindre, martèle Me Xavier Bacquet, l’avocat de la Fondation 30 millions d’amis, qui a porté l’affaire devant le tribunal judiciaire de Marseille ce mercredi 13 mars. Laisser de tels actes sans sanction équivaudrait à laisser s’installer la banalisation de la souffrance ce qui n’est pas acceptable dans notre société. Tout cela n’est pas qu’une blague de potache sans conséquences, ces faits de cruauté et sévices graves ont entraîné la mort d’un animal.»
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Trois élèves de classe préparatoire au lycée Thiers, lycée d’élite de la ville, ont donc comparu dans le cadre d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Le premier est poursuivi pour «actes de cruauté ayant entraîné la mort d’un animal» pour avoir «mis une souris vivante dans sa bouche et l’avoir mâchée jusqu’à la mort» – une infraction passible au maximum de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende – le deuxième pour avoir filmé la scène et le troisième pour l’avoir diffusée sur les réseaux sociaux.
Concrètement, lors d’une procédure de CRPC, une peine est proposée par le parquet. Si celle-ci est acceptée par le prévenu, elle doit ensuite être homologuée en audience publique par un juge du siège. Mercredi, deux des jeunes gens ont accepté la peine proposée et le troisième, celui qui avait diffusé les images, l’a déclinée. Mais la juge du tribunal correctionnel de Marseille a refusé d’homologuer les peines des deux premiers, estimant que «compte tenu de la nature des faits et de la diversité des plaignants, une audience correctionnelle [était] nécessaire». Les faits donneront donc lieu à un procès public le 12 avril, avec un débat contradictoire, selon le souhait de la magistrate.
Une dizaine d’associations de défense des animaux ont assisté à l’audience ce mercredi pour se constituer partie civile, qualifiant les peines proposées d’«insignifiantes». «C’est ridicule», a lancé Me Isabelle Terrin, pour l’association Rats-Cailles, qui protège des rats et souris domestiques. Et d’évoquer une proposition d’amende de 1 000 euros et une interdiction à vie de détenir un animal pour le jeune homme ayant mangé la souris, ainsi qu’une amende de 500 euros pour celui l’ayant filmé. Les avocates des mis en cause ont, elles, plaidé contre l’idée d’un procès public. «Une telle décision les remettra au cœur de la tempête médiatique, cette humiliation publique [de la CRPC] est déjà une punition», estime par exemple Me Céline Dangauthier, avocate de l’élève qui, lorsqu’il a mangé la fameuse souris, présentait un taux d’alcool de 1,75 g par litre de sang.