« Il n’y a pas un gagnant et un perdant, il y a seulement un soulagement, et un travail à faire. » C’est par ces mots que l’archetier et meilleur ouvrier de France Edwin Clément a accueilli la décision de la Cites de ne pas relever le degré de classement du pernambouc - une décision qui sera officiellement ratifiée demain. Car ce jeudi après-midi, les membres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) ont décidé de ne pas classer en annexe I ce bois dont est faite la quasi-totalité des baguettes d’archets de concert depuis le XVIIIe siècle, ce qui aurait rendu impossible le commerce de cette essence.
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Pour lutter contre le trafic de cette espèce endémique du Brésil menacée de disparition, le gouvernement de Jair Bolsonaro souhaitait élever le degré de protection de l’arbre et interdire son commerce à l’international. Une décision qui avait fait grand bruit dans le monde de la musique classique, car le classement du pernambouc en annexe I aurait été synonyme d’enfer administratif pour les musiciens, et de mise en péril - voire de progressive disparition - du métier d’archetier.
Inquiets pour leur avenir, musiciens et artisans s’étaient alors unis pour s’opposer au relèvement du degré de classement du pernambouc, invoquant notamment les initiatives de l’International Pernambuco Conservation Initiative (IPCI) qui ont permis la plantation de 340 000 arbres. Une mobilisation qui a fini par payer, puisque pour l’heure, le pernambouc restera en annexe II. Cependant, « dans 30 mois, il y a une nouvelle cession plénière de la Cites, et tout ce qui a été décidé cette année sera réévalué à l’aune de ce que l’on aura mis en place pour préserver l’espèce, avertit Edwin Clément. Par ailleurs, c’est une décision qui va contraindre le monde de la musique puisque le Brésil va renforcer la législation de son côté, précise-t-il. Donc ce qui pèse sur l’univers musical à présent, c’est la responsabilité », conclut-il.