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Environnement

Londres veut interdire le chalutage de fond dans la moitié des aires marines protégées anglaises

Le Royaume-Uni a dévoilé ce lundi 9 juin un plan pour lutter contre cette pratique controversée consistant à racler les fonds marins avec un gigantesque filet de pêche. L’objectif est notamment de protéger les habitats marins.
Le Royaume-Uni a dévoilé lundi 9 juin un plan pour étendre à plus de la moitié des aires marines protégées d’Angleterre l’interdiction du chalutage de fond. (Pierre Larrieu/Hans Lucas. AFP)
publié le 9 juin 2025 à 11h01

Lutter contre une «pratique destructrice». C’est l’objectif du Royaume-Uni, qui a dévoilé lundi 9 juin un plan pour étendre à plus de la moitié des aires marines protégées d’Angleterre l’interdiction du chalutage de fond. Il s’agit d’un des sujets phares de la conférence des Nations unies sur l’Océan qui s’ouvre ce lundi à Nice.

A l’issue d’une consultation avec les pêcheurs, le ministre britannique de l’Environnement Steve Reed espère pouvoir bannir cette pratique controversée dans «41 zones protégées des mers anglaises, couvrant une superficie de 30 000 kilomètres carrés». «Le chalutage de fond détruit les zones les plus vulnérables de nos océans […] son impact est stupéfiant, causant des dommages incalculables non seulement aux fonds marins, censés être protégés, mais à la nature tout entière», a-t-il défendu dimanche dans le journal The Observer.

Cette interdiction doit permettre de protéger des habitats marins abritant «des espèces importantes telles que le homard, les palourdes, les coraux mous et les langoustines», et de «laisser les fonds marins se reconstituer après les dommages causés». L’organisation Greenpeace UK a salué une «excellente nouvelle pour la vie et les habitats marins», appelant toutefois le gouvernement à étendre l’interdiction de cette pratique «brutale» et «inadmissible» à l’ensemble des aires protégées.

Accompagner les pêcheurs

Le Royaume-Uni affiche ainsi son volontarisme sur le chalutage de fond, qui consiste à racler les fonds marins avec un gigantesque filet pour remonter poissons et crustacés, et représente près d’un quart de la pêche sauvage mondiale, selon l’observatoire Global Fishing Watch.

Il y a actuellement en Angleterre 181 aires marines protégées (AMP), qui s’étendent sur une superficie de 93 000 kilomètres carrés, soit 40 % des mers anglaises. Le chalutage de fond est déjà banni sur 18 000 kilomètres carrés de ces aires, un chiffre qui monterait à 48 000 km² avec le plan du gouvernement.

Steve Reed a promis dimanche qu’il soutiendrait la transition de l’industrie de la pêche, affectée par l’interdiction de cette pratique «destructrice», vers «des modèles plus durables, meilleurs pour les communautés de pêcheurs et la santé de nos mers». Une consultation aura lieu jusqu’au 1er septembre pour leur permettre de «partager leurs points de vue et leurs constats», a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

«Voir grand»

L’exploitation minière des fonds marins, la ratification du traité international sur la pollution plastique ou la régulation de la surpêche et de la pêche illégale sont au menu des discussions de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc3) à Nice. Une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus lundi pour l’ouverture de ce sommet, co-organisé par la France et le Costa Rica.

Des restrictions ou interdictions du chalutage de fond existent déjà dans certaines zones protégées dans le monde, par exemple aux Etats-Unis, en Australie, au Canada ou au Brésil. La France a quant à elle déçu les ONG de protection de l’environnement en annonçant dimanche une limitation du chalutage de fond sur 4 % des eaux hexagonales, soit environ 15 000 km² nouvellement protégés.

L’Union européenne, qui a publié jeudi sa stratégie pour mieux protéger les océans, s’en tient pour l’instant à une simple recommandation, appelant à mettre fin à cette pratique à l’horizon 2030 dans les aires protégées.

De son côté, le prince William, qui était à Monaco dimanche pour un forum sur l’économie bleue, a appelé les dirigeants du monde entier à «voir grand» pour sauver les «écosystèmes fragiles» des océans.