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Biodiversité

Moins de la moitié des rivières françaises sont en bon état écologique, alerte WWF

L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
Dans un rapport publié ce mercredi 21 mai, l’ONG environnementale met en lumière le déclin de populations de poissons et d’oiseaux dans les plus petites rivières françaises, malgré les sommes engagées en faveur de la politique de l’eau.
(Andbz/ABACA)
publié le 22 mai 2024 à 11h06

Des milliers de kilomètres de rivières françaises malmenées. Près de 56,9 % des eaux françaises ne seraient pas en bon état écologique, selon un bilan publié ce mercredi 21 mai par le Fonds mondial pour la nature (WWF) à l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité. L’ONG environnementale tire la sonnette d’alarme sur «l’état de santé des écosystèmes d’eau douce» en France et «l’effondrement de certaines espèces de poissons et d’oiseaux» qui s’ensuit.

Dans ce rapport, le WWF a voulu établir un état de santé de la biodiversité dans les rivières en France métropolitaine, en publiant un «indice rivières vivantes» fondé sur les données de programmes de surveillance. Il conclut à un léger déclin de 0,4 % des populations de poissons et d’oiseaux observés depuis vingt ans. Mais derrière ce chiffre, qui peut paraître anecdotique, se cachent en réalité de fortes disparités. Deux espèces d’eau douce emblématiques illustrent l’ampleur du problème : le grèbe huppé - grand oiseau plongeur à la huppe noire - et la truite des rivières ont connu une chute de leur population de respectivement 91 % et 44 % en l’espace de vingt ans. À l’inverse, des espèces invasives enregistrent un développement menaçant : poisson-chat, ragondin, écrevisse de Louisiane…

En outre, ce rapport met en lumière un autre contraste : «une dégradation globale de la qualité des petits cours d’eau du milieu rural, compensée par une amélioration de la qualité de l’eau des fleuves en aval des grandes villes». En résumé : les plus petits ruisseaux trinquent davantage que les grands fleuves, comme la Loire ou la Seine.

«Aujourd’hui dans la Seine, au pont de l’Alma, vous trouvez à peu près six fois plus d’espèces de poissons que dans les années 60. Et c’est vrai pour la plupart des grands fleuves», précise Yann Laurans, directeur des programmes du WWF France, saluant le progrès des systèmes d’assainissement et stations d’épuration, notamment en vue des Jeux olympiques de Paris. «Mais en même temps, on a un effondrement de la qualité des petits cours d’eau dans le milieu rural parce que depuis maintenant soixante-dix ans, on a mené une politique d’intensification des pratiques agricoles et d’artificialisation», pointe-t-il.

«Quelque chose qui cloche»

Selon l’ONG, cette dégradation de l’état de nos rivières françaises est d’autant plus inquiétante qu’elle se poursuit malgré les sommes colossales dépensées par l’Etat - estimées à 500 milliards d’euros pour la politique de l’eau. «Il y a quelque chose qui cloche», déplore Yann Laurans, directeur des programmes du WWF France, pointant l’écart entre l’effort financier et les maigres résultats obtenus.

Pour améliorer la situation, le WWF se fixe comme une de ses priorités de préserver les zones humides en France. «On relance notre stratégie d’acquisition foncière» dans ces endroits, «un outil vital de préservation des espaces», affirme Jean Rousselot, responsable eau douce au WWF. Le WWF est prêt à dépenser pour cela 5 millions d’euros en France métropolitaine, espérant pouvoir augmenter cette mise de départ en attirant des financements de l’Etat, de fondations, etc. Les terres seront ensuite préservées ou dédiées à une activité raisonnée.