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«Nous n’avons pas le temps» : le financement de l’adaptation au réchauffement climatique toujours à la traîne, selon l’ONU

Les fonds publics alloués à l’adaptation aux conséquences du changement climatique devraient être multipliés par plus de 12 d’ici 2035 pour répondre aux besoins des pays en développement, estime mercredi 29 octobre un rapport de l’ONU.

A Niland, en Californie, le jeudi 11 septembre 2025. (Jae C. Hong/AP)
Publié le 29/10/2025 à 17h35

Les objectifs fixés pour 2025 ne seront pas atteints. C’est la conclusion d’un rapport des nations unies rendu public ce mercredi 29 octobre, qui porte sur les niveaux insuffisants de financements dédiés à l’adaptation aux effets du réchauffement climatique de la part des États. «Les impacts du changement climatique s’accélèrent. Pourtant, les financements pour l’adaptation ne suivent pas, laissant les populations les plus vulnérables exposées à la montée des eaux, aux tempêtes meurtrières et aux chaleurs caniculaires», assène le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Pourtant, les efforts d’adaptation aux impacts de plus en plus dangereux et coûteux du changement climatique – de la construction de digues de protection contre la mer à la plantation de cultures résistantes à la sécheresse - «ne sont pas un coût, c’est une bouée de sauvetage», estime-t-il. Selon ce rapport (appelé Adaptation Gap Report), en 2023 les fonds publics consacrés à l’adaptation étaient de 26 milliards de dollars, soit deux milliards de moins qu’en 2022.

«Nous avons besoin d’une impulsion mondiale»

Selon la trajectoire actuelle, l’objectif établi lors de la COP26 de Glasgow de doubler entre 2019 et 2025 les investissements publics des pays riches consacrés à l’adaptation des nations les plus pauvres «ne sera pas atteint», estime le rapport publié une quinzaine de jours avant le début de la COP30 de Belem au Brésil. Le président de la COP30, André Correa do Lago, a déclaré mercredi que l’adaptation avait «toujours été quelque peu reléguée au second plan», mais que la question serait au cœur des prochaines négociations climatiques.

Le rapport prévoit que les besoins de financement de l’adaptation des pays en développement dépasseront 310 milliards de dollars d’ici 2035, soit 12 fois plus qu’actuellement. Cela représente un déficit annuel de 284 à 339 milliards de dollars et cet écart est «inquiétant». «Nous avons besoin d’une impulsion mondiale pour augmenter le financement de l’adaptation, provenant à la fois de sources publiques et privées, sans alourdir la dette des pays vulnérables», souligne Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement.

Promesses non tenues

«Le financement de l’adaptation doit être repensé pour passer d’une corvée à un investissement dans un avenir meilleur. […] Les pays développés ne peuvent pas continuer à faire des promesses sur le financement international de la lutte contre le changement climatique sans les tenir. Nous n’avons pas le temps», souligne auprès Annamaria Lehoczky, experte sur le changement climatique de l’ONG Fauna & Flora. Actuellement, 172 pays ont des mesures d’adaptation mais pour 36 d’entre eux, elles sont dépassées ou n’ont pas été mises à jour depuis une dizaine d’années. Coté secteur privé, le rapport estime qu’actuellement les flux orientés vers l’adaptation représentent 5 milliards de dollars chaque année, mais qu’ils pourraient être multiplié par dix. Toutefois ils ne «pourront à eux seuls pas suffire à combler le manque».

La feuille de route «Bakou to Belem», destinée à accroitre les ressources financières à destination des pays en développement de 300 milliards promis lors de la COP29 à 1 300 milliards, pourrait «faire une énorme différence», mais devra être réalisée via des subventions et instruments non générateurs de dette pour ne pas accroître la vulnérabilité des pays les plus pauvres. «Même dans un contexte budgétaire tendu et face à des priorités concurrentes, la réalité est simple : si nous n’investissons pas dans l’adaptation dès maintenant, nous serons confrontés à une augmentation des coûts chaque année», souligne Inger Andersen.