Mâchouiller pour mieux croquer ? En Nouvelle-Zélande, une chaîne de magasins a suscité une controverse en mettant en vente des jouets pour chiens en forme de kiwi brun arborant des bonnets de père Noël. Le petit oiseau, symbole de la nation, est aujourd’hui en voie d’extinction, avec moins de 70 000 individus sur l’île, contre des millions au XIXe siècle. Incapable de voler, l’animal est donc une proie facile pour tout prédateur souhaitant se mettre un poussin sous la dent, comme les chats, particulièrement nuisibles en Nouvelle-Zélande, les hermines, ou encore les chiens. A la suite de plaintes déposées par des défenseurs de l’environnement, la chaîne de bricolage Mitre 10 a accepté de cesser de vendre ces jouets, qui ne montraient pas le bon exemple à suivre pour les canidés.
Bonne nouvelle
«Promouvoir [le fait] qu’il est normal qu’un chien ait un kiwi dans la gueule n’est pas le bon message que nous voulons envoyer aux propriétaires de chiens», a ainsi déclaré ce vendredi 15 décembre Michelle Impey, directrice générale de l’organisation «Save the Kiwi», qui se bat pour la sauvegarde de l’espèce.
Que ce soient les chiens errants ou en promenade avec leur maître, une simple envie de jouer avec le petit animal peut suffire à le tuer, selon le ministère néo-zélandais de la Conservation. En août, le groupe Bay Bush Action, qui veille sur les kiwis dans la forêt d’Ōpua sur l’île du Nord, a retrouvé huit kiwis déchiquetés par des chiens. En faire des jouets à mâcher n’a donc rien d’anodin.
«Nous nous battons vraiment pour que les kiwis soient à l’abri d’un certain nombre de nuisibles et de prédateurs, dont les chiens errants ou sauvages», a martelé Michelle Impey. En 2016, le gouvernement néo-zélandais a lancé un vaste programme de conservation du kiwi, avec une intense campagne d’élimination de ses prédateurs naturels. Les propriétaires de chiens, eux, ont été formés pour leur apprendre à se tenir à l’écart des kiwis lors des promenades.
Des mesures salvatrices pour ce petit oiseau, dont la population croît malgré tout, d’après la Liste rouge mondiale des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature – excepté pour le kiwi brun vivant sur l’île du Sud. L’année dernière, 63 kiwis ont pu être relâchés dans la nature dans le nord de l’archipel, et pour la première fois depuis plus d’un siècle, deux poussins sont nés à l’état sauvage près de la capitale, Wellington. Des efforts que les défenseurs de l’environnement ne souhaitent pas voir gâchés par un simple jouet pour chien.