Les loupiotes des bateaux dansent dans la nuit épaisse et mouillée qui enveloppe le port de Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor). Il est à peine 8 heures, ce lundi d’octobre. Les marins sont à pied d’œuvre sur les ponts, réglant les derniers détails avant de prendre le large. Comme deux fois par semaine d’octobre à avril, 238 navires quittent au même moment les ports de Saint-Quay, mais aussi d’Erquy, Saint-Cast-le-Guildo ou Paimpol pour aller pêcher la coquille Saint-Jacques dans les fonds de la baie de Saint-Brieuc.
Peu à peu, les coquilliers larguent les amarres, sous un ciel qui passe du noir au gris, déchargeant un lourd crachin. «Je ne suis pas un escargot, je n’aime pas trop la pluie», grimace Jean-Michel Le Hégarat, patron de la Margouille, un pimpant bateau blanc et vert. «Mais mieux vaut ça que de se faire secouer par le vent», ajoute ce marin aux plus de trente ans d’expérience, fils et petit-fils de pêcheurs de coquilles. D’ailleurs, «la margouille», «c’était le surnom que me donnait mon père parce que, quand il m’emmenait en mer gamin, j’aimais bien dormir sur le pont, dans une caisse. Comme une seiche, une margatte… C’est devenu margouille», raconte l’homme jovial de 49 ans, aux cheveux plus sel que poivre.
Interview
Dans les effluves de ga