Quand elle refait surface au mois de mars, sa corolle encore fermée a des allures de sucre d’orge. Il faut légèrement s’accroupir pour apercevoir la petite curiosité, ornée de larges rayures couleur framboise et blanc, au milieu des vignes. «Voici la tulipe de l’Ecluse ! s’exclame le botaniste Aurélien Caillon, référent pour la Gironde du Conservatoire botanique national Sud-Atlantique (CBNSA), en désignant du doigt une fleur sous un cep de vigne. C’est la plus rare, la plus délicate de toutes les tulipes sauvages et celle dont les pétales sont les plus effilés.»
Son apparition est fugace : elle ne fleurit que durant quelques semaines au début du printemps. Acclimatée depuis des siècles au sud du pays, la fleur, venue d’Orient, doit son nom à Charles de l’Ecluse, botaniste voyageur qui importa en Europe des bulbes perses à la fin du XVIe siècle. Malgré son origine «exotique», elle bénéficie du statut d’espèce protégée en France, habituellement réservé aux plantes autochtones, car elle a une valeur patrimoniale. Tulipa clusiana est moins connue que ses congénères sauvages, la tulipe des bois (Tulipa sylvestris) et la tulipe australe (Tulipa sylvestris australis), toutes deux jaunes, ou encore la tulipe précoce (Tulipa raddii) et la