Debout dans la benne arrière, trois hommes s’accrochent, à l’affût. L’un balaie avec un projecteur la brousse plongée dans le noir, tandis que le pick-up dodeline au milieu de grosses mottes de terre. «Là ! Là !» Deux coups secs sont donnés sur le toit du 4x4, où une carabine repose sur un trépied. Elle est équipée d’une lunette et d’un silencieux «pour que ça résonne moins dans les vallons». Le conducteur stoppe et éteint ses phares. Le faisceau révèle des points brillants, comme des étoiles piquées dans la colline. Ce sont les yeux de cerfs, qui marquent l’arrêt à l’approche du véhicule. Un premier coup de feu claque. «Loupé !» «Faut pas bouger le projo, sinon tu accélères la bête. Vise la tête ou le cou pour que la viande soit bonne», conseille Armand (1), au volant. Une harde d’une dizaine de cerfs détale à portée de visée. «Eclaire pas trop, ils vont s’arrêter dans le sale.»
«Le sale», c’est ce qu’il reste de la forêt sèche, enchevêtrement d’herbes hautes, d’arbustes et d’arbres. Armand redémarre, la traque reprend. En Nouvelle-Calédonie, la loi interdit la chasse nocturne «en tout temps, pour toutes catégories d’animaux et en tout lieu», qui plus est en faisant «usage d’un foyer lumineux», qui rend les animaux plus faciles à repérer.