Le Trieux coule à flots. Bordé par une ancienne minoterie, à Guingamp (Côtes-d’Armor), le fleuve atteint presque la rue, tant il a plu récemment. Gilles Huet pointe de la tête le déversoir du moulin : «Là, les associations de pêche ont installé un système pour faciliter la remontée des saumons, sinon leurs sauts ne leur suffisent pas à passer par-dessus. Ils ont près de 50 obstacles comme ceux-là à franchir sur le Trieux, vous imaginez ?» L’ancien délégué général de l’association Eau et Rivières de Bretagne (ERB), toujours bénévole pour celle-ci, connaît les lieux par cœur. Mais ces saumons atlantiques, qui ont fait la renommée de ce cours d’eau de Bretagne Nord et qu’il a tant cherchés lors de parties de pêche, il n’en voit plus beaucoup. «Depuis quatre ans, tous les indicateurs ont viré au rouge», déplore le sexagénaire.
Une baisse importante et continue
Les chiffres de l’Observatoire des poissons migrateurs en Bretagne révèlent en effet un effondrement. 643 saumons ont été dénombrés sur les trois stations de comptage de la région en 2023. La moyenne des 15 dernières années s’élevait à 1 839 individus. Même baisse drastique chez les plus jeunes, avec un indice d’abondance, calculé par sessions de pêche électrique, de 11,4 en 2024 contre 31,2 de moyenne entre 2014 et 2023. Le panorama est relativement similaire pour les truites de mer. «Jusqu’ici, la Bretagne était plutôt préservée de cette diminution, remarque Gaëlle Leprévost, directrice de l’association Bretagne Grands Migrateurs.