C’est l’épilogue d’un feuilleton né il y a un an, presque jour pour jour. Après avoir été arrêté le 21 juillet 2024 au Groenland, puis libéré en décembre par le Danemark à la suite du rejet de la demande d’extradition du Japon, le militant écologiste américano-canadien Paul Watson voit la notice rouge Interpol qui le visait depuis 2012 levée ce mardi 22 juillet, a annoncé William Julié, l’un de ses avocats.
Joint par Libération, son conseil rapporte que la commission de contrôle des fichiers d’Interpol (CCF) a estimé qu’une arrestation de Paul Watson serait «disproportionnée», citant le temps écoulé considérable depuis les faits reprochés, «le caractère mineur de l’infraction en question et l’acharnement continu pendant quinze ans sur une affaire de peu de gravité d’un point de vue pénal». William Julié affirme que la levée de la notice rouge est définitive et que le Japon ne peut pas contester cette décision.
Toutefois, le Japon a dénoncé cette mesure, la jugeant «extrêmement regrettable», selon un porte-parole du gouvernement lors d’un point de presse régulier. «L’annulation ne change pas le fait que le mandat d’arrêt du Japon à son encontre reste valide», a dit Yoshimasa Hayashi. «Notre position reste inchangée : nous continuerons d’appeler les parties concernées à procéder à son extradition», a-t-il ajouté.
Enquête
La notice rouge avait été émise par Interpol sur la base d’un mandat d’arrêt international du Japon contre le fondateur de l’ONG de protection des océans Sea Shepherd. Elle avait été temporairement levée début avril. Mais à cause de cette épée de Damoclès, l’activiste, revenu en France en décembre 2024, voyait sa liberté de mouvement entravée. Désormais, Paul Watson pourra passer les frontières et présenter son passeport sans alerter les agents de police et se faire passer les menottes. «Il va recouvrer sa liberté de mouvement et pouvoir continuer son combat. Mon client est soulagé», rapporte William Julié.
La CCF, à l’origine de cette décision, est un organisme indépendant chargé de veiller à ce que le traitement des données à caractère personnel par Interpol soit conforme à sa Constitution et à ses règles, confirme l’organisation à Libération. «Il ne s’agit pas d’un jugement sur le fond de l’affaire, ni des événements survenus en 2010, mais d’une décision fondée sur le règlement d’Interpol sur le traitement des données», explique le porte-parole de l’organisme international de police criminelle, qui ajoute que la mesure a été prise à «la lumière de faits nouveaux, notamment le refus du Royaume du Danemark d’extrader M. Watson.»
«Décision historique»
Jean Tamalet, un autre avocat de l’activiste, salue de son côté une «décision historique pour tous ceux qui font l’objet de notices rouges, qui ne respectent pas les droits humains». Toutefois, «l’effacement de cette notice rouge ne signifie pas que c’est la fin de l’exécution du mandat d’arrêt contre Paul Watson, car les autorités japonaises ne l’ont pas levé», rappelle-t-il. Il n’est donc pas exclu que le militant puisse se faire arrêter par des pays amis du Japon, dans le cadre de conventions bilatérales.
C’est là que réside la prochaine étape pour l’équipe juridique qui entoure le défenseur des océans : «J’ai été mandaté par Paul Watson pour prendre attache avec les autorités japonaises et le cas échéant me rendre là-bas pour discuter de la situation et d’essayer de lever le mandat d’arrêt», assure Jean Tamalet, qui souhaite «être porteur d’une main tendue, pacifique et constructive».
Le Japon accuse Paul Watson, 74 ans, d’être coresponsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier japonais en 2010, dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd près de l’Antarctique.
Interpol émet des notices rouges, qui constituent des demandes de localiser une personne suspecte et de procéder à son arrestation provisoire dans l’attente de son extradition, mais celles-ci n’ont pas le statut de mandat d’arrêt.
Mis à jour à 13 heures avec les déclarations du Japon.