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Droits de l'homme

Paul Watson reste en prison, sa cinquième demande de remise en liberté rejetée

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Incarcéré à Nuuk, capitale du Groenland, depuis le 21 juillet, le défenseur des baleines voit sa détention provisoire prolongée, mercredi 13 novembre, dans l’attente de la décision du gouvernement danois concernant son éventuelle extradition vers le Japon.
Paul Watson, à Paris le 23 novembre 2015. (Pascal Le Segretain/WireImage)
publié le 13 novembre 2024 à 13h00

Les jours en prison se suivent et se ressemblent pour Paul Watson. Le défenseur des baleines a vu pour la cinquième fois sa demande de mise en liberté refusée par la justice groenlandaise, ce mercredi 13 novembre selon l’ONG Sea Shepherd France. Comme pour les audiences de mi-août, de début septembre puis de début et fin octobre, les juges du tribunal de Nuuk, la capitale de la province autonome danoise, ont décidé de suivre les réquisitions du parquet, intransigeant depuis l’arrestation de l’activiste le 21 juillet. L’homme de 73 ans, qui a demandé la nationalité française depuis sa cellule, restera donc derrière les barreaux au moins jusqu’à la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition japonaise liée à son combat pour sauver les cétacés.

Le fondateur de Sea Shepherd est en détention provisoire pour des faits remontant à quatorze ans. Le Japon l’accuse «d’obstruction forcée au commerce, d’atteinte à l’intégrité physique, d’intrusion dans un navire et de vandalisme» lors d’une campagne de harcèlement antibaleiniers menée par Sea Shepherd, en février 2010, dans l’océan Austral. Le mandat d’arrêt nippon a abouti à la publication d’une notice rouge d’Interpol, en septembre 2012, à laquelle Copenhague a répondu favorablement cet été. L’écologiste s’est fait menotter à bord de son bateau par des officiers de police danois alors qu’il s’apprêtait à se lancer à la poursuite du Kangei-Maru, nouveau navire usine nippon.

Sur le fond du dossier, Watson et sa défense sont toujours dans l’attente de l’arbitrage du ministère de la Justice danois vis-à-vis de la demande nippone d’extradition. Aucune date concernant cette très attendue décision n’a été communiquée. Pour l’heure, le ministre danois de la Justice, Peter Hummelgaard, étudie les avis de la police groenlandaise et de la direction générale du parquet qui lui ont été communiqués il y a peu. Ainsi, «le ministère public a demandé une prolongation de la période de détention» provisoire, a écrit à l’AFP la procureure en charge du dossier, Mariam Khalil. S’il venait à refuser l’extradition, «il n’y aurait plus de motif de détention et [Paul Watson] serait libéré dès que possible après que cette décision soit portée à la connaissance de la police groenlandaise», a-t-elle expliqué. Dans le cas contraire, ses défenseurs feraient appel.

Dans l’une de ses rares allocutions sur le sujet, début octobre, le ministre nippon des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, avait, lui, souligné que la demande d’extradition de son pays relevait de «l’application de la loi» plutôt que de la chasse baleine. Mi-septembre, l’équipe juridique de Paul Watson avait saisi le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, afin qu’il se penche sur la situation. Dans une interview accordée à Libération fin septembre, ce dernier livrait ses premières impressions sur ce dossier hautement politique : «Le Danemark n’était pas contraint par la loi de procéder à une arrestation. D’autres pays, dont la France, ont laissé Paul Watson voyager librement sur leur territoire ces dernières années. […] Ce serait un véritable scandale s’il était extradé.»