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Plage flottante sur la Côte d’Azur : les promoteurs renoncent et dénoncent une «écologie de façade»

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Confrontés à l’opposition d’élus locaux et d’associations, les entrepreneurs qui souhaitaient installer avant l’été une plateforme flottante dans le golfe de Napoule ont annoncé avoir abandonné leur projet.
23 mai 2023 montre l'île Canua amarrée à un bassin militaire dans le port de La Seyne-sur-Mer. (Nicolas Tucat/AFP)
publié le 13 juin 2023 à 12h21

Les promoteurs de «Canua Island», une plage flottante privée qui espérait jeter l’ancre sur la Côte d’Azur, ont annoncé mardi 13 juin renoncer à leur projet faute d’obtenir les permis nécessaires, dénonçant au passage «l’écologie de façade» des élus opposés au projet.

«Malgré un dossier 100% conforme et de nombreuses démarches d’explication, nous n’avons pas reçu ce lundi 12 juin 2023 les permis nécessaires à l’exploitation de Canua. On nous a clairement fait comprendre qu’il ne fallait rien attendre pour cet été», écrivent dans un communiqué les concepteurs de ce projet. Le président de Canuan Jean-Bernard Falcon et ses directeurs généraux et co-fondateurs, Marc Audineau et Tony Philp, affirment être «victimes d’une vendetta politique» et fustigent un «règlement de compte qui (les) dépasse et qui dépasse l’entendement économique».

Canua Island, plateforme de 1 750 m2 posée sur un trimaran à moteur, était pour l’instant amarrée dans le port de La Seyne-sur-Mer (Var) dans l’attente de ses différents permis. Soutenue par la mairie de Mandelieu-La Napoule, commune au large de laquelle le bâtiment devait jeter l’ancre, l’initiative avait notamment été fortement contestée par le président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Renaud Muselier.

«Pas compatible»

«Cette obstruction et aberration politique, ce déni de droit, nous amènent à tirer en responsabilité les conséquences de la situation et nous obligent à mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance. Nous avons informé tout à l’heure nos 100 salariés que nous ne pouvions pas tenir plus longtemps», ajoutent-ils, déplorant un «plan social (...) provoqué par la seule volonté politique de bloquer un dossier en tout point respectueux du droit et de la protection de la mer».

«La position du gouvernement est que le développement d’îles artificielles n’est pas compatible avec la nécessité de renforcer la protection de l’environnement marin», avait de son côté fait valoir, lundi, le secrétariat d’Etat à la Mer, interrogé par l’AFP. Un peu plus tôt, Marc Audineau avait interpellé Emmanuel Macron, regrettant le «blocage» d’Hervé Berville, le secrétaire d’Etat à la Mer.

«La nouvelle législation issue de la loi d’accélération des énergies renouvelables encadre d’ailleurs désormais strictement les installations flottantes en mer et réserve à l’avenir ce type de structures au développement des énergies renouvelables et aux missions de service public», a ajouté le secrétariat d’Etat.

«Les services des différents ministères concernés instruisent comme pour tout projet, ni plus rapidement, ni moins rapidement, les autorisations nécessaires», avait assuré le secrétariat d’Etat, ajoutant toutefois: «L’artificialisation commerciale de l’espace maritime, sur une côte déjà très urbanisée, dans une mer en proie à de nombreuses pollutions, ne s’inscrit donc pas dans la logique et la politique écologique nécessaires».

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