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Opposition

Près de 4 Français sur 5 favorables à l’interdiction de la chasse le dimanche

La chasse en débatdossier
Selon un sondage Ifop réalisé à la demande de sept associations de protection de la nature, 78% des Français se disent favorables à ce que le dimanche devienne un jour sans chasse. Le gouvernement doit faire des annonces le 9 janvier sur le sujet.
Un chasseur dans les Pyrénées, près de Jurvielle, le 5 novembre 2022. (Lionel Bonaventure/AFP)
publié le 2 janvier 2023 à 17h43

Si l’interdiction de la chasse le dimanche divise le monde politique, l’opinion publique semble avoir tranché sur la question. Et bien tranché. C’est ce qui ressort d’un sondage Ifop (1) commandé par sept associations de protection de la nature : 78% des Français sont favorables à ce que le dimanche devienne un jour sans chasse, selon cette étude publiée à quelques jours d’annonces officielles sur le sujet, le 9 janvier. Le gouvernement, qui entend améliorer la sécurisation de cette pratique après plusieurs accidents mortels, doit composer avec le lobbying intensif des chasseurs et la pression grandissante de la société.

Ce que suggère un autre chiffre du sondage, mesurant le sentiment d’insécurité : 70% des personnes interrogées disent ne pas se sentir en sécurité en période de chasse contre 54% en 2009 et 61% en 2016. Et contrairement aux raccourcis faisant rimer chasse et ruralité, ce sont bien les habitants des campagnes les plus inquiets (74% contre 67% pour l’agglomération parisienne par exemple). «L’idée que défendre la chasse revient à défendre la ruralité dans son ensemble est une assimilation fallacieuse, mais que nous avons réussi à installer», reconnaissait Thierry Coste, lobbyiste de la chasse, dans les colonnes de la Croix en février.

«Un sport pas comme les autres»

L’interdiction de la chasse le week-end et durant les vacances scolaires a jalonné la campagne présidentielle (c’était une des propositions du candidat écologiste à l’Elysée, Yannick Jadot) notamment après la mort d’une randonneuse de 25 ans, tuée par une balle perdue lors d’une battue dans le Cantal.

Le sondage publié lundi a été commandé à la suite d’un courrier adressé par une quinzaine d’associations à Emmanuel Macron, le 21 novembre. Auquel le chef de l’Etat n’a pas répondu. Elles réclamaient deux jours sans chasse par semaine dont le dimanche. Si les revendications se concentrent désormais sur une trêve dominicale, la demande de ces associations sort renforcée par les chiffres de ce sondage.

Dans un communiqué, elles évoquent «la nécessité d’établir le dimanche sans chasse afin de garantir un partage apaisé des espaces et des usages, et d’assurer la sécurité et la tranquillité de tous». Pour appuyer là où ça fait mal, elles rappellent le nombre d’accidents depuis l’ouverture de la saison. Entre le 1er septembre et ce début 2023, la chasse a fait 18 victimes chez les non-chasseurs (dont un mort) contre 17 chez les chasseurs (dont deux morts). Des chiffres qui démontrent que «la chasse n’est pas un sport comme les autres, elle présente des risques mortels, y compris pour les non-pratiquants», selon les associations.

De quoi convaincre le gouvernement alors que la France «bat presque tous les records […] tant sur le nombre de jours ouvrés à la chasse que du nombre d’espèces chassable» ? Rien n’est moins sûr si on se souvient du traitement plus que favorable accordé aux chasseurs depuis qu’Emmanuel Macron est à l’Elysée. Depuis 2017, les montants des subventions ont nettement augmenté et la baisse du prix du permis de chasse a été actée, malgré une opposition de plus en plus forte.

De plus, le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, dont l’influence auprès de l’Elysée n’est plus à prouver, se montre réticent sur la mise en place d’un jour de non-chasse. «La discussion peut s’engager mais hors de question qu’on lâche le dimanche après-midi», assénait-il au micro de France Info en octobre.

(1) Réalisé les 13 et 14 décembre auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes.