Jamais l’idée ne lui viendrait de marcher la tête en l’air. Dans la forêt de la Coletta, à Sospel (Alpes-Maritimes), Aurélia (1) fait attention où poser les pieds, de peur d’écraser une orchidée. La militante de l’environnement en a repéré 250, de 14 espèces différentes sur cet hectare boisé. Parmi elles : l’Ophrys de Bertoloni, une plante classée sur la liste rouge des espèces menacées. La fleur risque de disparaître de ces clairières : un parc d’accrobranche est en projet. Plusieurs mètres au-dessus des orchidées, tyroliennes et ponts de singe devraient être tendus entre les troncs. Aurélia et des riverains regroupés en un collectif craignent que les clients n’aient d’yeux que pour la cime des arbres et les acrobaties. La tête dans les nuages, les baskets dans les herbes folles, les orchidées seraient piétinées.
La France, où fut créé le premier parcours acrobatique en hauteur dans les arbres, compte entre 600 et 700 de ces lieux de loisirs. Si tous ne sont pas suspendus au-dessus de lits fleuris, la quasi-totalité est installée en pleine nature. Quel est l’impact écologique de ce loisir sur les forêts ? Le conseil municipal de Sospel a, lui, vite tranché la question en votant en novembre 2021 pour la signature d’un bail emphytéotique prévoyant l’installation des plateformes par une société privée. C’était sans compter sur la vigilance de défenseurs de l’environnement. En mai 2022, le collectif auquel appartient Aurélia a déposé un recours devant le tribunal administratif d