«Avec 83 individus détectés au minimum en 2023, l’effectif de la population d’ours bruns continue progressivement d’augmenter dans les Pyrénées», indique ce mardi 2 avril l’Office français de la biodiversité (OFB) dans son rapport annuel sur le suivi de l’espèce. Il s’agit d’un nouveau record, alors que seuls 76 bâtes avaient pu être dénombrés dans le massif en 2022. La présence de l’ours est également observée en Andorre et sur le versant espagnol des Pyrénées, dans les régions de Catalogne, Aragon et Navarre.
Ce document est basé sur les éléments collectés par le réseau Ours brun, qui comprend des agents de l’OFB et des associations spécialisées. Des analyses génétiques de poils, d’excréments, des photographies ou vidéos, prises notamment par des appareils automatiques fixes, permettent d’effectuer l’estimation.
Attaques en hausse
Dans les années 1990, alors que l’espèce était menacée et qu’il ne restait qu’une poignée de spécimens dans la chaîne montagneuse, une campagne de réintroduction d’ours bruns originaires de Slovénie a été lancée. Mais leur présence est contestée par des éleveurs de bovins et d’ovins, qui se plaignent des prédations durant la période estivale quand le bétail se trouve dans les hauts pâturages.
En ce qui concerne les prédations en 2023, le rapport signale que le nombre d’attaques d’ours sur le cheptel dans les Pyrénées françaises est «légèrement supérieur à 2022 (+5%), passant de 331 à 349 attaques», et que le nombre d’animaux tués «a légèrement diminué par rapport à 2022 (-7%), passant de 590 à 552». L’OFB admet une «sous-estimation de la prédation réelle», mettant en avant que certaines bêtes ne sont pas retrouvées ou trop tardivement pour détecter d’éventuels indices de prédation sur les dépouilles.
Consanguinité croissante
Le dernier rapport annuel du réseau Ours brun met aussi en évidence cette augmentation de la population en 2023 sans aborder la question de la consanguinité qui préoccupe des spécialistes. Ainsi, dans un communiqué, des associations membres du réseau Ours brun saluent l’augmentation de la population, mais s’inquiètent d’une «consanguinité croissante» et appellent l’Etat à autoriser de nouveaux lâchers.
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«Il faut d’urgence apporter du sang neuf, soulignent les défenseurs de l’ours. La population actuelle repose très largement sur deux femelles : Mellba et Hvala. Et du côté des mâles, c’est pire : plus de 85% des individus nés depuis 1996 sont les descendants d’un mâle : Pyros.» En 2020 et 2021, quatre ours ont été illégalement tués (un empoisonné, trois par balles) et n’ont pas été remplacés.