Dans cette vallée bordée par les Tatras, chaîne de montagnes culminant à plus de 2 600 mètres et frontière naturelle entre le nord de la Slovaquie et le sud de la Pologne, les ours inquiètent sérieusement les autorités slovaques. En l’espace de trois jours, deux attaques de cet imposant animal brun typique des régions montagneuses ont provoqué la mort d’une personne et fait cinq blessés, dont une enfant. Toutes ont eu lieu dans le district [collectivité inférieure à une région et supérieure à une commune en Slovaquie, ndlr] de Liptovsky Mikulas, notamment au cœur de son chef-lieu du même nom qui abrite 30 000 habitants environ. Des événements graves, qui ont poussé la ville touristique à décréter, ce lundi 18 mars, l’état d’urgence.

Si les attaques d’ours surviennent plutôt en région montagneuse, son territoire naturel, celle de dimanche 17 mars s’est déroulée, au contraire, en plein centre-ville de Liptovsky Mikulas. Sur des vidéos diffusées en ligne, on peut voir un ours courir sur les trottoirs de la commune et charger en direction de passants. Les autorités locales ont indiqué qu’une femme de 49 ans avait été hospitalisée pour une blessure à l’épaule et un homme de 72 ans pour une coupure à la tête. Une fillette de 10 ans et deux autres adultes ont subi des égratignures et des contusions. Désormais, les habitants et touristes résidant à Liptovsky Mikulas doivent éviter de s’aventurer en dehors des zones résidentielles, en particulier le soir et tôt le matin, l’ours étant toujours en liberté.

Six patrouilles de chasseurs, d’officiers de police et d’experts en faune sauvage tentent de le localiser autour de cette ville, à près de 300 kilomètres de la capitale slovaque, Bratislava. «L’ours a attaqué cinq personnes dans le centre-ville avant de se retirer dans les bois», a précisé à l’AFP Viktoria Capcikova, porte-parole de la ville. Pour tenter de le retrouver, les autorités «disposent d’un drone à vision thermique et nocturne, de pièges et d’armes de service», a-t-elle ajouté.

Une première attaque est survenue deux jours plus tôt, vendredi 15 mars. Une Biélorusse de 31 ans est morte alors qu’elle tentait d’échapper à un ours brun dans une zone densément boisée, à l’ouest de la vallée de Demänovská. Elle marchait, avec son compagnon de 29 ans, lorsque l’animal a chargé en leur direction. L’homme, qui a alerté les secours, a été retrouvé «effrayé mais indemne» au sommet d’une paroi de montagne par des équipes composées de chiens et de drones. La femme, retrouvée au fond d’un ravin, serait décédée des suites de sa chute, et non en raison de l’assaut de l’animal, comme ce fut le cas en 2021 lorsqu’un homme de 57 ans avait été tué par un ours brun dans le centre de la Slovaquie. Quoique rares, de telles attaques se sont également produites en France ces dernières années.

Face à la multiplication de ces attaques, les demandes de régulation des ours se font plus pressantes. Au début du mois, le ministère slovaque de l’Environnement a publié de nouvelles régulations, autorisant des équipes spécialisées à abattre tout animal présentant une menace pour l’Homme. Le gouvernement slovaque, de concert avec la Roumanie, souhaite également que le statut de l’ours, qui figure sur la liste des espèces protégées de l’Union européenne, soit assoupli, arguant qu’avec une population nationale estimée à 1 275 animaux, les ours pourraient désormais être chassés et abattus. Les chercheurs affirment toutefois qu’il n’y a pas eu d’explosion des populations d’ours dans le pays, malgré les nombreuses mesures de protection de l’environnement menée en Europe centrale depuis la fin des années 1980.