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Libération
Reportage

Sur la Côte d’Azur, «la forêt est bouffée par le mimosa»

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Si le pompon doré alimente l’agriculture et le tourisme de la région, il étouffe aussi le maquis à cause des substances toxiques qu’il renvoie. Sans vouloir entraver l’image éclatante de l’espèce, une campagne visant à arracher les variétés sauvages est en cours.
Dans le massif du Tanneron (entre les Alpes-Maritimes et le Var) les 5 200 hectares de mimosa en font la plus grande forêt de la fleur jaune d’Europe. (Eric Dervaux/Hans Lucas)
par Mathilde Frénois, envoyée spéciale dans le massif du Tanneron (Alpes-Maritimes, Var)
publié le 8 mars 2024 à 19h48

Les collines du massif du Tanneron se drapent de jaune. A l’aube de mars, dans la plus grande forêt de mimosa d’Europe, 5 200 hectares entre Alpes-Maritimes et Var, tous les pompons sont en fleur. Mais cette parure de soleil a un revers : la variété sauvage Acacia dealbata, inscrite sur la liste rouge des espèces envahissantes, recouvre tout. Le mimosa colonise le maquis, asphyxie le milieu, remplace la flore locale. Jusqu’à se retrouver seul. Pour contenir son expansion et préserver la biodiversité, ici, on défriche depuis longtemps, on dessouche plus récemment. Et dans le Var, ce samedi 9 mars, alors que la saison des fleurs s’achève, on arrachera même des pieds de mimosa dans le cadre d’un projet pilote. L’idée n’est pas d’entraver l’image éclatante d’une espèce qui dope le tourisme et l’agriculture ; la Côte d’Azur entend continuer à surfer sur sa spécificité dorée.

Le mimosa est une espèce exotique. A partir de 1860, le botaniste azuréen Gilbert Nabonnand importe des spécimens rares des quatre coins du monde. Un ami voyageur livre l’acacia d’Australie. Surprise : l’arbre fleurit en hiver ! Il n’en fallait pas plus pour que la noblesse anglaise, récemment installée dans de luxueuses villas de la French Riviera, jette son dévolu sur lui. Le mimosa devient arbre ornemental. Son jaune resplendit c