Un manche semblable à celui d’une béquille plonge dans l’eau. Au bout, un cercle métallique attire les poissons comme un aimant à l’aide d’un courant électrique. En quelques coups d’épuisette, cinq hommes en combinaison imperméable remplissent leurs seaux blancs de truites, chabots ou goujons. Mais la vedette de cette dernière pêche scientifique de l’année, destinée à faire l’inventaire des poissons de la vallée de la Sélune, est une anguille adolescente d’une dizaine de centimètres, couleur brune, grands yeux noirs. «C’est la première anguillette retrouvée à ce niveau-là du bassin. Il n’y en avait plus depuis un siècle», se réjouit un chercheur du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, Anthony Acou, en ciré jaune, affairé à mesurer et peser chaque prise, avant de la relâcher.
A l’heure où le superbe documentaire la Rivière sort sur les écrans, la presse a été conviée fin octobre dans la Manche, sur les berges de ce fleuve côtier, pour une annonce réjouissante à l’heure de l’effondrement de la biodiversité : les poissons migrateurs, qui ont déserté les eaux du Béarn dans le film de Domini