Les pêcheurs aussi sont en colère. Dans le sillage des agriculteurs, la filière de la pêche est depuis plusieurs semaines remontée. Au cœur de la contestation, l’interdiction de la pêche dans le golfe de Gascogne du 22 janvier au 20 février pour les bateaux de huit mètres ou plus équipés de certains filets. Une mesure visant à éviter que des dauphins et marsouins soient capturés accidentellement. Quelque 450 navires sont concernés et les pertes estimées à des dizaines de millions d’euros.
Contraints de rester à quai, les pêcheurs ont à plusieurs reprises fait part de leur incompréhension. Et de leur peur, faute de salaire, de ne pas arriver à boucler les fins de mois. A la veille d’une rencontre avec le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, le Comité national des pêches (CNPMEM) mettait à nouveau la pression sur le gouvernement : «Le ministre est attendu avec des solutions», prévenait le comité, mettant «en garde sur la colère grandissante dans les ports».
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Déblocage d’une ristourne de 13 centimes sur le gasoil
Des annonces, Christophe Béchu, dont le portefeuille s’est récemment élargi à la pêche, en a fait ce jeudi 1er février, au terme de deux heures «d’échanges francs» avec des représentants du comité. Le gouvernement est dans la «dernière ligne droite pour obtenir le 5 février l’accord de la commission européenne» afin que «les guichets (les demandes d’indemnisation) ouvrent le 20 février», a-t-il détaillé face aux journalistes. Des formulaires pourraient être fournis «dès le 5 février aux pêcheurs» pour que les indemnités soient versées «dès le début du mois de mars». S’il n’a cette fois pas évoqué le montant de cette indemnisation, Christophe Béchu avait annoncé le 19 janvier que les pêcheurs toucheront «entre 80 et 85 %» de leur chiffre d’affaires, soulignant que le gouvernement avait déjà obtenu «un accord de principe» de la part de la Commission européenne.
Autre avancée obtenue par les pêcheurs, le déblocage ce jeudi de la ristourne de 13 centimes d’euros par litre de gasoil de la part des metteurs en marché, dont TotalEnergies. Une remise qui était promise par le gouvernement depuis septembre, et qui s’ajoute à l’aide de 20 centimes par litre de carburant dont bénéficient les pêcheurs jusqu’au 30 juin.
Pour Olivier Le Nézet, le président du CNPMEM, les annonces, si elles sont validées par la Commission, sont satisfaisantes : «Cela montre que le travail paye collectivement. […] Il était indispensable d’avoir cette visibilité de dépôt des dossiers pour que les marins puissent être payés le plus rapidement possible.» Elles ne sont cependant pas une fin en soi : le Comité espère «démontrer que l’espèce n’est pas en danger à court terme» afin d’éviter «d’autres fermetures en 2025 ou 2026» comme cela est actuellement prévu.
Le CNPMEM appelle par ailleurs, à l’image des agriculteurs, à de la «simplification administrative» : «Nous sommes aussi entourés par une politique commune des pêches et un millefeuille administratif», dénonce Olivier Le Nézet.
Depuis le début du mouvement des agriculteurs, certains pêcheurs se sont mobilisés, justement pour dénoncer l’interdiction du golfe de Gascogne, les normes qui se multiplient ou encore la concurrence déloyale étrangère (70 % des produits de la mer vendus en France sont importés de pays où les normes ne sont pas forcément les mêmes).
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A Rennes la semaine dernière, plusieurs dizaines de pêcheurs avaient rejoint les agriculteurs, sans que le CNPMEM les ait appelé à descendre dans la rue. D’autres se sont mobilisés ce mercredi devant la direction interrégionale de la mer à Nantes où ils ont déversé des poissons et des filets. Enfin, certains parlent d’organiser mardi prochain une manifestation dans Paris.