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Libération
Sous l'océan

«Une lueur d’espoir» : le plus grand corail du monde découvert aux îles Salomon dans le Pacifique

Des scientifiques membres d’une expédition du «National Geographic» ont annoncé ce jeudi 14 novembre avoir mis au jour le plus grand corail du monde, près des îles Salomon dans le Pacifique, d’une taille trois fois supérieure au précédent détenteur du record.
Cette photo prise par le National Geographic Pristine Seas le 24 octobre, et publiée ce jeudi, montre des plongeurs nageant au-dessus du plus grand corail du monde, situé près des îles Salomon, dans le Pacifique. (Manu San Felix /NATIONAL GEOGRAPHIC PRISTINE SEAS.AFP)
publié le 14 novembre 2024 à 8h17

Plus aucun mystère à lever sur notre planète ? Terminées les grandes explorations des siècles passés ? Que nenni. Des scientifiques membres d’une expédition du National Geographic ont annoncé ce jeudi 14 novembre avoir mis au jour le plus grand corail du monde, près des îles Salomon dans le Pacifique. «Alors que nous pensions qu’il n’y avait plus rien à découvrir sur la planète Terre, nous avons trouvé un corail massif composé de près d’un milliard de petits polypes, débordant de vie et de couleurs», a indiqué Enric Sala, écologiste marin et fondateur de Pristine Seas, le programme du National Geographic dédié aux explorations océaniques.

«Découvrir ce corail géant, c’est comme découvrir l’arbre le plus haut du monde», image-t-il encore. Le corail a été découvert dans une zone connue sous le nom de «Three Sisters», dans le sud-est des îles Salomon, par une équipe du National Geographic qui participait à une expédition scientifique dans la région. Selon les chercheurs, cette structure autonome s’est développée pendant environ 300 ans, à partir d’un «réseau complexe» de minuscules polypes coralliens. Elle se distingue d’un récif corallien, constitué de nombreuses colonies distinctes, ont-ils expliqué.

«Si colossal» qu’il pourrait être vu de l’espace

Mesurant 34 mètres de large sur 32 de long, soit une taille plus importante que celle d’une baleine bleue, le nouveau corail des Salomon est trois fois plus grand que le précédent détenteur du record situé aux Samoa américaines et surnommé «Big Momma». «Alors que Big Momma ressemblait à une énorme boule de glace posée sur le récif, ce corail nouvellement découvert est comme si la glace avait commencé à fondre, s’étalant indéfiniment sur le fond marin», a confié Molly Timmers, scientifique principale de l’expédition. Il est «si colossal» qu’il pourrait même être visible depuis l’espace, a-t-elle estimé.

«C’est incroyable qu’ils aient découvert cela et que personne ne l’ait vraiment remarqué avant», réagit auprès du National Geographic Helen Findlay, océanographe biologique au Plymouth Marine Laboratory au Royaume-Uni, qui n’a pas participé à l’expédition. D’autant que l’acidité et le réchauffement des océans affectent négativement les écosystèmes de la région, y compris la célèbre Grande Barrière de corail d’Australie. «C’est comme chez les humains : si vous n’avez pas assez de calcium ou de carbonates, vous finissez par souffrir d’ostéoporose, ce qui entraîne une dégradation des os et une fragilisation, explique Helen Findlay. Il en va de même pour les coraux s’ils ne bénéficient pas des conditions adéquates.»

«Alors que les récifs peu profonds avoisinants ont été dégradés par le réchauffement des mers, cette grande oasis corallienne saine dans des eaux légèrement plus profondes est une lueur d’espoir», a déclaré Eric Brown, spécialiste des coraux. Pour Molly Timmers, l’emplacement du corail, dans des eaux plus profondes et plus fraîches, et protégé par une pente et un plateau, pourrait être la clé de sa bonne santé. «Il se trouve vraiment dans un endroit idéal», estime la scientifique principale de l’expédition. «Ce pilier de vie est toujours là, dit-elle encore. Voir la taille de ce mégacorail et constater sa survie dans une zone qui n’était pas aussi saine… Cela donne un sentiment d’émerveillement et de l’espoir.»