La canicule marine extrême qui touche les eaux européennes, celles de l’océan Atlantique mais aussi de la Méditerranée occidentale, devrait entraîner une mortalité massive de coraux, éponges, algues ou crustacés, alertent les scientifiques. «Plus la chaleur s’étend aux profondeurs de l’océan, plus les conséquences sont catastrophiques pour les écosystèmes», souligne Thierry Perez, chercheur du CNRS à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (Université d’Aix-Marseille). Parmi les animaux les plus touchés figurent les gorgones, une espèce de corail particulièrement sensible aux changements brusques de température. En Méditerranée, la canicule de 2003 et le «grand incendie» invisible de l’été dernier ont ravagé ces forêts sous-marines : certaines populations ont été décimées à 90%. «Quand les gorgones sont touchées par la chaleur, on perd toute la biodiversité qui y est associée : larves de poissons, crustacés, etc.» s’inquiète Lorenzo Bramanti, chargé de recherches CNRS à l’Observatoire océanologique de Banyuls. De tels phénomènes pourraient-ils survenir dans le golfe de Gascogne ? «Ce genre de mortalités massives est peu rapporté dans les parties les plus au nord de l’Atlantique, précise Thierry Perez. Mais ça va peut-être venir.»
Interview
A l’été 2022, la température des eaux de surface de la Méditerranée française avait bondi à 31°C. «Pendant plus d’une semaine, il y a eu