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Libération
Reportage

«C’est la première fois en Europe qu’on nettoie les Pfas à si grande échelle» : en Belgique, une ville laboratoire de la décontamination

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Pendant des décennies, à Zwijndrecht, une entreprise chimique a rejeté des «polluants éternels», souillant l’environnement et contaminant les habitants. Si la région fait figure de laboratoire en Europe pour les laborieux travaux de dépollution en partie payés par l’industriel, l’inquiétude ne tarit pas chez les riverains.

L'usine de l'entreprise chimique américaine 3M, connue pour son papier collant et ses Post-it, à Zwijndrecht (Belgique), le 25 mars 2025. L'usine est implantée dans la commune depuis 1971. (Anne-Sophie Guillet/Libération)
ParClara Grégoire
envoyée spéciale à Zwijndrecht (Belgique)
Publié le 28/05/2025 à 6h16

Mains dans les poches, Jeroen Van Reeth observe l’usine du fond de son jardin. Au loin, l’imposant site grisâtre s’élève à travers le ciel brumeux. Ses cheminées et ses gigantesques blocs métalliques contrastent avec la verdure du paysage. A leurs pieds, au milieu des vastes champs, des chevaux broutent paisiblement l’herbe de la commune de Zwijndrecht. Les yeux rivés sur l’infrastructure, le père de famille soupire : «On vit seulement à 800 mètres d’elle. Je la vois tous les jours.»

«Elle», c’est l’usine 3M. Une entreprise chimique américaine, connue pour son papier collant et ses Post-it. En 1971, elle s’implante à Zwijndrecht, ville belge de 20 000 habitants et située à quelques kilomètres à l’ouest d’Anvers. C’est ici, au milieu de maisons en briques rouges, que 3M a provoqué l’une des pires catastrophes environnementales du pays : jusqu’en 2002, ses cheminées ont craché des Pfos dans l’air, le sol et les eaux des environs.

Le composé chimique fait partie de la famille des substances poly- et perfluoroalkylées, les Pfas, ces «polluants éternels» tristement célèbres pour rester très longtemps dans la nature et dans l’organisme humain. Classé «peut-être cancérogène pour l’homme» (groupe 2B)