Mains dans les poches, Jeroen Van Reeth observe l’usine du fond de son jardin. Au loin, l’imposant site grisâtre s’élève à travers le ciel brumeux. Ses cheminées et ses gigantesques blocs métalliques contrastent avec la verdure du paysage. A leurs pieds, au milieu des vastes champs, des chevaux broutent paisiblement l’herbe de la commune de Zwijndrecht. Les yeux rivés sur l’infrastructure, le père de famille soupire : «On vit seulement à 800 mètres d’elle. Je la vois tous les jours.»
«Elle», c’est l’usine 3M. Une entreprise chimique américaine, connue pour son papier collant et ses Post-it. En 1971, elle s’implante à Zwijndrecht, ville belge de 20 000 habitants et située à quelques kilomètres à l’ouest d’Anvers. C’est ici, au milieu de maisons en briques rouges, que 3M a provoqué l’une des pires catastrophes environnementales du pays : jusqu’en 2002, ses cheminées ont craché des Pfos dans l’air, le sol et les eaux des environs.
Le composé chimique fait partie de la famille des substances poly- et perfluoroalkylées, les Pfas, ces «polluants éternels» tristement célèbres pour rester très longtemps dans la nature et dans l’organisme humain. Classé «peut-être cancérogène pour l’homme» (groupe 2B)