Le plus grand mammifère terrestre du monde n’est plus considéré comme étant une seule et même espèce. Elles sont au nombre de quatre, sans compter les sous-espèces : les girafes du Nord (Giraffa camelopardalis), réticulée (Giraffa reticulata), Masaï (Giraffa tippelskirchi) et du Sud (Giraffa giraffa). C’est ce qu’a officiellement établi l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ce jeudi 21 août, avec la publication d’un rapport du groupe de travail taxonomique du Groupe de spécialistes des girafes et des okapis (GOSG) de la commission de survie.
Historiquement, la girafe a été classée comme étant une espèce unique comprenant neuf sous-espèces. Mais l’incertitude persistait au sein de la communauté scientifique. Face à la publication de nombreuses études apportant des preuves de changement dans la taxonomie (ou classification), le GOSG a lancé un groupe de travail en 2024. «Pour réaliser ce rapport, nous avons uniquement utilisé des articles déjà issus du domaine scientifique et nous les avons combinés d’une façon inédite», explique Michael Brown, coprésident du GOSC, coordinateur scientifique pour la conservation à la Fondation pour la conservation des girafes et coauteur de l’évaluation.
Pour mener à bien leur mission, ces scientifiques se sont appuyés sur la méthode du feu tricolore. Elle consiste à évaluer les preuves selon trois critères : la morphologie (crâne, pelage, comportement), la génétique (ascendance) et la biogéographie (séparation entre les populations). «Si les trois critères étaient solides, nous avons considéré que c’était un feu vert : nous avions bien une espèce ou sous-espèce distincte. Si l’un d’eux n’était pas convaincant mais que les deux autres tenaient, c’était un feu jaune. Enfin, si un seul critère ou aucun apportait des preuves tangibles, le verdict était au rouge.» Résultat : quatre feux verts.
Fragmentation de l’habitat
Chacune des quatre espèces est caractérisée par une taille de population, des menaces et des besoins de conservation différents. Avec seulement 7 037 individus inventoriés en 2025, la girafe du Nord fait partie des grands mammifères les plus menacés d’Afrique, contrairement à sa cousine du Sud, près de dix fois plus nombreuse. Séparer les espèces permet donc de cibler précisément les mesures pour lutter contre leur extinction. «Dans certaines régions d’Afrique centrale, ce sont les conflits et le braconnage qui représentent une menace tandis qu’en Afrique de l’Est, c’est la fragmentation de l’habitat due à la construction de clôtures», conclut Michael Brown.
L’animal fait déjà partie des espèces classées comme vulnérable sur la liste rouge de l’UICN. Grâce à ce rapport, trois des quatre espèces pourraient être réévaluées et inscrites comme étant en danger ou en danger critique d’extinction.