Sur la vidéo qu’elle a postée sur Instagram, on entend les pleurs effrayés de sa fille. Dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 juin, la porte du domicile de la militante écologiste Claire Nouvian a été aspergée de peinture noire. Un acte de vandalisme pour lequel la fondatrice de l’ONG de défense des océans Bloom a déposé plainte dans la soirée. Auprès de Libé, elle dénonce une action des lobbys industriels de la pêche, à cinq jours de la conférence des Nations unies sur l’océan.
Comment avez-vous découvert la dégradation de votre porte ?
En partant au collège ce matin, ma fille a ouvert notre porte et a découvert qu’elle avait été maculée d’éclaboussures de peinture noire. Mon adresse n’est pas publique, il n’y a pas mon nom sur mon immeuble ni à mon étage. Pour arriver là, il fallait franchir deux digipass. Ça crée désormais une angoisse absolue. A chaque fois que l’on va rentrer, on saura que ceux qui ont fait ça ont les codes. De toute évidence, ils peuvent rentrer chez moi, ils peuvent tout défoncer, ils peuvent venir nous tuer dans notre lit.
Vous accusez les lobbys de la pêche industrielle. Pourquoi ?
En plus des éclaboussures sur la porte, il y avait un papier qui disait «Dirty Bloom». C’est une attaque des lobbys de la pêche industrielle que des sénateurs ont aussi vu apparaître dans leurs boîtes aux lettres lundi. C’est lié à une même campagne de diffamation et de harcèlement. Ces lobbys créent des faux comptes sur les réseaux, des faux sites truffés d’accusations diffamatoires montées de toutes pièces. Mais cette fois, une nouvelle ligne a été franchie. Je pense que l’on voit là, par leurs actes, leurs attaques physiques, leurs capacités à nous poursuivre jusque dans nos bureaux et – maintenant – chez nous qu’on a affaire à des professionnels qui sont organisés sur des réseaux de criminalité.
Interview
Pourquoi vous ont-ils visée ?
Bloom met en difficulté deux grandes pêches industrielles : le chalutage et les pêches thonières. Pour commencer, notre ONG a révélé que 100 % des boîtes de thon étaient contaminées au mercure. Ils ont perdu de l’argent et ils veulent donc notre mort. D’un autre côté, nous réclamons la création d’aires marines réellement protégées en y interdisant toutes les méthodes de pêche destructrices. Cela n’ouvrirait la pêche qu’aux petits pêcheurs artisanaux et ça signerait la fin du chalutage industriel. Enfin, on demande l’exclusion de la bande côtière des 3 % de navires de la flotte française faisant plus de 25 mètres. Ce sont ces mêmes 3 % qui capturent la moitié des poissons.
Avez-vous porté plainte ?
J’ai déposé plainte dans la soirée. Maintenant, j’attends des magistrats une très grande réactivité pour se saisir de cette affaire et ouvrir une enquête rapidement. Aussi, je demande aux politiques de faire alliance avec les citoyens et d’arrêter de se tromper en s’associant avec les lobbys industriels. Ce ne sont pas seulement des destructeurs du monde naturel, du climat, de l’intérêt général et des finances publiques. Ce sont aussi des destructeurs de l’espace démocratique. Il faut choisir son camp.