Menu
Libération
Mobilisation

Chantier de l’A69 : des militants investissent les platanes face à l’Assemblée nationale

Les activistes du Groupe national de surveillance des arbres entendent dénoncer la proposition de loi débattue ce lundi 1er juin par la Chambre basse qui vise à valider le projet, annulé par la justice.

Devant le ministère de la Transition écologique, à Paris, le 4 mars 2024. (Chloé Sharrock/MYOP pour Libération)
Publié le 02/06/2025 à 10h28

Les écureuils reprennent la lutte. Dans la nuit du 1er au 2 juin, des grimpeurs du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) se sont installés dans des platanes à proximité de l’Assemblée nationale. «Ceci est une occupation revendicative et médiatique», a prévenu le collectif dans un communiqué. Car les députés se penchent ce lundi sur une proposition de loi déjà votée au Sénat qui vise à valider rétroactivement les autorisations environnementales de l’A69, ce ruban de bitume en construction entre Toulouse et Castres, et empêcher un éventuel nouvel arrêt des travaux.

Le tribunal administratif de Toulouse a annulé ces autorisations le 27 février, stoppant net le chantier et «actant ainsi l’illégalité d’un projet qui avait démarré sans que les recours n’aient été purgés», rappelle le GNSA, ce groupe qui a médiatisé le dossier de l’A69 lorsque l’un de ses membres, Thomas Brail, a entamé une grève de la faim en 2023. Si la cour d’appel a autorisé la reprise des travaux le 28 mai, se prononçant sur un recours en urgence déposé par l’Etat qui veut voir le chantier reprendre sans tarder, elle doit encore trancher sur le fond dans plusieurs mois.

Pour les défenseurs du texte, qui confère au projet une «raison impérative d’intérêt public majeur» pour désenclaver le territoire, ouvrant la voie à des dérogations à la protection des espèces, la loi apporterait une sécurité juridique avant cette décision attendue sur le fond.

Auprès de Libération, le GNSA affirme vouloir alerter sur cette «brèche dans notre système démocratique» dont les répercussions vont au-delà du projet autoroutier. «Cette proposition de loi initiée par quatre parlementaires du Tarn, ardemment soutenue par l’Etat, a pour unique objectif de passer outre une décision de justice, piétinant ainsi l’état de droit et la séparation des pouvoirs, au profit d’un concessionnaire privé», fustige le collectif. «Il est urgent de stopper ce projet injustifié et écocide décrié par les habitants, les scientifiques et la société civile», plaident aussi les militants, arguant que les dégâts causés aux paysages sont réversibles. Selon nos informations, les activistes seront reçus à 14 heures à l’Assemblée nationale, à l’initiative d’Anne Stambach-Terrenoir, députée insoumise de Haute-Garonne, rare élue locale hostile au chantier.

695 amendements

Les députés insoumis et écologistes, opposés à la construction de l’A69, ont déposé la quasi-totalité des 695 amendements. S’ils devaient tous être examinés ce lundi, ils rendraient quasiment impossible un vote avant minuit, l’Assemblée nationale poursuivant ses travaux mardi sur d’autres textes.

«Un procédé d’obstruction assumé pour éviter la discussion et le vote de la loi, largement adoptée en commission», a critiqué Jean Terlier, le député du Tarn à l’origine de la proposition de loi. La France insoumise a également déposé une motion de rejet préalable, qui doit être étudiée avant les amendements, mais qui a peu de chance d’être votée. En plein échange depuis plusieurs jours avec ses collègues pour les sommer de retirer leurs amendements, Jean Terlier dit ce lundi auprès de Libération «poursui[vre] [s]a tentative de persuasion» mais qu’il «ne déposera pas de motion de rejet». En réalité, la loi l’oblige : un texte ne pouvant comporter qu’une seule motion de rejet. Pour le GNSA, «c’est sur le terrain de la justice administrative que doit se jouer l’avenir de ce projet du XXe siècle, et non dans hémicycle».

Mise à jour à 11 h 08 avec les militants reçus à l’Assemblée ; à 11 h 22 avec les déclarations de Jean Terlier.